Courrier des lecteurs Politis 972

Politis  • 18 octobre 2007 abonné·es

Erreur sur la personne

Dans mon courrier paru dans le n° 970 de Politis , j’ai involontairement attribué l’insulte faite à Mme Anne-Marie Comparini à Jean-François Copé, alors que l’auteur en était Patrick Devedjian.

Je présente mes excuses à l’intéressé et aussi au service du courrier des lecteurs de Politis pour cette erreur.

La prochaine fois, je vérifierai mieux mes sources et surtout, je relirai mon courrier avant de l’envoyer.

Jan Vanier

Nous nous excusons également d’avoir laissé passer cette erreur.

Relevé des compteurs

On frappe à ma porte. Une jeune fille d’une vingtaine d’années m’informe qu’elle vient relever le compteur EDF. Jamais vue. Je l’invite à faire le tour de la maison pour entrer par le garage, où se trouve le compteur. Sur elle, aucun signe d’appartenance à EDF. Un sentiment bizarre… Elle est accompagnée d’un gars que j’entrevois à peine. La jeune fille doit être en formation. Le jeune homme la forme.

Dans le garage, je lui indique l’emplacement du compteur. Son collègue apparaît dans l’entrebâillement. Pas plus que la jeune fille, il ne laisse entrevoir la moindre appartenance à EDF. Avec un boîtier, la relève des index est réalisée en quelques secondes.

Ils s’en vont. À pied. Ils poursuivent leur tournée dans le quartier. Dehors, pas la moindre camionnette bleue.

Au final, deux parfaits inconnus sont entrés chez moi. Je ne sais toujours pas qui ils sont.

J’appelle EDF. Après quelques minutes d’attente, un système vocal automatique lit mon adresse avec l’accent cancéreux ( cf. Desproges). Je ne lui ai pourtant rien dit de mon identité. Certainement mon numéro de téléphone m’a-t-il trahi.

Une opératrice écoute ma doléance : je lui demande s’il est normal que deux personnes totalement inconnues se soient fait ouvrir mon garage en se réclamant d’EDF. Sans aucune forme d’identification.

Oui. C’est normal. EDF sous-traite la relève des compteurs. Ce ne sont pas des agents EDF. Certainement des contractuels. On dit aussi des précaires. Et comment savoir si l’on a affaire à un agent EDF puisque les personnels n’en sont pas ?

Ils ont une carte. Imparable : avec une carte et un vague appareil portatif, on peut rentrer chez les gens, relever leur compteur.

Moi aussi, je peux en fabriquer des cartes.

Je demande à l’opératrice de prendre acte que la porte sera close pour les prochaines relèves si ce n’est pas EDF qui relève. C’est ça, le prestige de l’uniforme !

J’ai un contrat avec EDF. Pas avec le sous-traitant. Le ton monte.

Je rappelle à cette dame que se faire passer pour des employés de l’eau ou du gaz a toujours été une astuce pour se faufiler chez les petites vieilles et leur piquer leurs économies. On régresse. Avec la privatisation d’EDF, on régresse sur le plan social. Et même sur le plan de la sécurité. Un comble dans cette France ultra-sécuritaire. En guise de conclusion, l’opératrice m’annonce que je vais recevoir un courrier.

En fait, aucun problème : lors du prochain passage, je demande la carte professionnelle. Les releveurs restent dehors. Pendant ce temps, un petit coup de fil à EDF pour vérifier qu’il s’agit bien d’une relève officielle. Tant pis si ça dure. On n’est jamais sûr de rien, ma brave dame. On s’est déjà fait piquer La Poste par le patron du FMI et EDF pendant les vacances. Alors, on se méfie, voilà tout.

Michel Clar (courrier électronique)

Sicko

Je vous adore comme journal. Vous êtes chaleureux, intelligents, positifs, humains, enthousiastes. Vous êtes mon dernier recours pour alimenter un optimisme défaillant. C’est au point qu’en octobre de l’an dernier j’ai envoyé 100~euros sans la moindre hésitation, réalisant du même coup l’importance de Politis dans ma vie. Seulement voilà : je n’ai pas compris pourquoi vous aviez descendu en flammes le film Sicko , de Mickaël Moore. J’ai attendu de le voir pour vous écrire, et je l’ai trouvé excellent. Des amis à moi, qui ne sont pas idiots, l’ont trouvé eux aussi excellent. Même Télérama , qui est si snob, a donné une bonne critique. Alors, Politis … Je ne comprends pas. N’est-ce pas intéressant de voir comment ça se passe aux États-Unis, le pays phare du néolibéralisme, et ce qu’on nous concocte pour l’avenir à l’OMC ? Moi, j’en suis restée comme deux ronds de flan. Si Politis se met à parler avec mépris des gens qui mènent le même combat que nous, il ne me reste plus qu’à aller me saouler.

Marie-Jo Guicciardi (Var)

Moratoire sur les OGM

Parmi les 42 sélectionnés pour constituer « l’intergroupe OGM », un seul représente une association de consommateurs. Les autres, dont celle à laquelle j’appartiens, ont été écartées. Il est vrai qu’elles avaient émis d’abondantes critiques sur les OGM, depuis sept ans, sans réussir à se faire entendre des gouvernements. 80 % des consommateurs se sont prononcés contre les OGM dans leur assiette, lors de sondages répétés. À quoi bon discuter avec ? Les six pages de la synthèse du rapport de cet intergroupe n’évoquent pas le moindre intérêt pour un moratoire dans la culture de plantes alimentaires, qui accumulent en elles insecticides et herbicides. Or, tester leurs effets sur la santé d’animaux (ou de volontaires humains) avant de les mettre au menu semble relever du plus élémentaire bon sens. Seuls les fournisseurs de semences semblent sûrs de leur innocuité, comme l’étaient les fournisseurs de farines animales pour les vaches. Assurer la liberté de produire ou non des OGM, et celle d’en consommer ou non, nécessite de pouvoir séparer les deux filières de manière efficace. Or,le quarteron de citoyens-consommateurs qui, faute de réponse sur les moyens mis en oeuvre pour assurer cette séparation concernant le maïs Monsanto 810 et le maïs non-OGM, a dû s’inviter par surprise le jeudi 27 septembre dans les locaux du Service régional de protection des végétaux(SRVP) àRennes, a obtenu de son directeur une précision importante ! Ce service n’a pas procédé sur place à la vérification des parcelles déclarées, et ne le fera pas, car il n’a pas reçu d’instructions pour le faire. En outre, il considère que ces déclarations n’ont pas à être suspectées d’inexactitudes (ce n’est pas le cas des déclarations de contribuables !). Il n’y aura pas, en Bretagne, de suivi de ces cultures, de leurs récoltes, de leurs moissons, de leur stockage, ni de leur utilisation. Le gouvernement ne peut avouer plus clairement sa volonté de ne pas assurer des filières séparées pour les filières OGM et non-OGM, et qu’il a choisi de faire manger aux consommateurs des OGM à l’insu de leur plein gré. Des pays européens ont refusé la culture OGM. L’Allemagne, au vu des résultats de 19 études sur le Monsanto 810, a rétabli le moratoire. Pas possible pour la France ? Qui nous a dit récemment : « Avec moi, tout est possible ? » Alors, chiche ?

Camille Mouroux (Ille-et-Vilaine)

Un débat européen

La première déclaration unitaire rédigée par des antilibéraux contre le nouveau projet de traité européen constitue un événement qui devrait contribuer à un débat qui n’a pas émergé jusqu’ici [^2]. Frappé, cependant, d’une compréhensible modestie, ce document tend à accréditer l’idée qu’en deux ans les opposants au traité n’ont rien obtenu. Ce qui n’est guère mobilisateur et peut-être pas très exact. Qu’il ne soit plus question d’une constitution, que la partie III ait disparu, que la « concurrence libre et non faussée » soit relativisée peuvent difficilement s’interpréter comme une simple habileté de présentation. Si ça ne change pas grand-chose sur le fond, c’est fondamental pour la dynamique des luttes. Outre que ces dispositions sont considérées comme des avancées par d’autres pro-Européens, anciens tenants du « oui », qu’il s’agit de gagner si on veut élargir l’arc d’une opposition à ce traité.

Par ailleurs, les partisans d’une transformation sociale ne devraient pas se priver d’exploiter les contradictions entre États protectionnistes et ceux qui, comme la Pologne ou le Royaume-Uni, trouvent que ce traité n’est pas assez libéral. À ce niveau, faute d’un éventail européen plus large, la nouvelle déclaration de plusieurs groupes Attac d’Europe, qui suivra le Conseil européen des 18 et 19 octobre, devrait illustrer la dimension qui convient à un tel débat : un cadre européen et non plus une déclaration limitée à un seul pays. Le temps manquait sans doute pour obtenir des adhésions au-delà de l’Hexagone, mais il ne servait à rien de faire de la réunion de Barcelone une date butoir. Un nouveau Conseil devrait revenir, à la mi-décembre, sur une question qui ne sera vraiment tranchée qu’au deuxième semestre 2008, sous la présidence française de l’Union. Entretemps, beaucoup de choses pourraient changer. Outre la « journée de visibilité » des Forums mondiaux du 26 janvier, une dernière fenêtre pourrait s’ouvrir en Suède, à Malmö, au Forum social européen du 18 au 21 septembre 2008. Reste l’exigence d’un référendum par les antilibéraux français. Certes, le fait de remplacer cette procédure par un vote de l’Assemblée et du Sénat constituerait un déni de démocratie frisant l’inconstitutionnalité. Reste qu’un référendum suscite généralement la réponse qu’en attend l’auteur de la question. Et une fois le résultat obtenu, s’il se révèle défavorable, il n’y a guère de chances de le transformer. Guère plus, il est vrai, que le résultat du Congrès prévu en France : ce vote devant obtenir une majorité de 3/5, les socialistes de ce pays pourraient, sur le papier, priver le gouvernement d’une majorité. Mais fonder ses espoirs sur la position d’un parti qui s’était engagé si profondément en faveur du précédent traité risque de se révéler illusoire. Tout juste pourrait-on rappeler aux candidats de gauche et du centre à l’élection présidentielle leur engagement à exiger un référendum. Comme s’y emploie d’ailleurs le manifeste antilibéral, qui joue sur les deux tableaux : celui du contenu du traité et celui de la démocratie. Notons cependant que, dans leur dernière déclaration du 21 juin 2007, les Attac d’Europe ne faisaient pas de l’exigence d’un nouveau référendum une question centrale, contrairement aux antilibéraux français. Ainsi se trouve posée la priorité de deux batailles qu’il semble difficile de mener de front : plutôt une campagne nationale pour un hypothétique référendum ou plutôt un débat de fond mené au niveau européen.

Robert Allezaud, du collectif antilibéral de Paris Centre
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Hospitaliers méprisés

Récemment, à Bordeaux, dans le cadre de la rencontre avec les internes en grève, Roselyne Bachelot a déclaré au micro de France Inter~: « Pour moi, l’exercice libéral est la condition de la qualité des soins. » On ne saurait mieux affirmer dans quel camp « idéologique » se situe la ministre de la République, certainement pas dans le camp de la défense du service public~! On ne saurait mieux exprimer le mépris envers ceux, si nombreux, qui consacrent leur vie au fonctionnement continu de nos hôpitaux, sans avoir jamais songé devoir être rémunérés « à l’acte », ni disposer du droit aux « honoraires libres », et n’ayant jamais refusé de contribuer sans compter à la « permanence des soins ». Pour le monde hospitalier, « l’hommage » de la ministre ne salue que le faible pourcentage exerçant dans nos murs « en privé ». Comme si ceux-là seulement apportaient une garantie de qualité des soins~! Nous, hospitaliers, n’avons jamais imaginé dénigrer le dévouement et la compétence de nos confrères « libéraux », tous anciens de nos services, où ils ont été formés, et nous savons leur attachement aussi à la qualité des soins. Mais nous ne pouvons que nous indigner du rapprochement dogmatique entre « exercice libéral » et « qualité des soins », ne reposant sur aucun constat objectif, et véritable insulte aux soignants de tout statut exerçant dans nos hôpitaux publics~! Bachelot, démission~!

Jacques Richaud, praticien hospitalier au CHU 31

[^2]: Cf. « Le pouvoir de la gauche », par Michel Soudais, dans le n° 971 de Politis

Courrier des lecteurs
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