Courrier des lecteurs Politis 976

Politis  • 15 novembre 2007 abonné·es

Le contre-Grenelle

J’ai été très étonnée de ne lire aucun article sur le contre-Grenelle de l’environnement qui s’est tenu à Lyon le 6 octobre. Pourtant, le succès de cet événement a été tel que la salle prévue était trop petite, obligeant les participants à faire à une double intervention : une dedans et une dehors.

Pas un mot des propositions de Paul Ariès, qui clôturait la journée, et dont les propositions pourraient aider à faire évoluer la « gauche de gauche » vers un projet de société qui nous permettrait de rêver un peu : revenu d’existence pour tous de la naissance à la mort, couplé à un revenu maximal autorisé, semaine de 32 heures (voir le site www.contre-grenelle.org).

Que dire encore d’un article élogieux sur les Vélib’ de Paris, qui lient la municipalité à JCDecaux pour encore plus de pub dans la ville (plus de pub, plus de consommation, plus de production, plus de travail) ? Pour plus de bonheur, bien sûr ?

Martine Tiravy, Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne)

Nous avons présenté les positions du contre-Grenelle et nous avons publié un texte important de Paul Ariès (dans Politis n° 972).

D. S.

Le créationnisme

J’apprécie énormément Politis , mais je souhaite réagir à votre « débat » paru dans le n° 972.

Je trouve très réducteur d’opposer essentiellement darwinisme et créationnisme, car non seulement il existe des positions nuancées entre les deux, mais aussi, et surtout, une autre théorie. Le darwinisme n’explique pas vraiment les « passages » d’une espèce à une autre, et on n’a jamais trouvé le fameux « chaînon manquant ». Le créationnisme est une croyance (honorable a priori ), mais il y a des deux côtés des positions parfois très sectaires.

J’aurais donc aimé que vous parliez de l’« exogénese de l’humanité » (apports extérieurs concernant l’évolution, celle de l’homme en particulier). Plusieurs sources parlent de cette hypothèse, notamment les tablettes sumériennes. Certaines revues, comme Nexus (spécialisée en informations alternatives dans tous les domaines), et des livres scientifiques traitent parfois de ce sujet.

Par ailleurs, j’avais déjà écrit à Politis à propos des nouvelles énergies, et, entre autres, de la fusion froide et de l’énergie libre (découverte par Tesla), avec toutes les références. Je n’avais eu aucun retour et je regrette votre fermeture d’esprit sur les sujets qui sentent un peu le soufre, car vous êtes très ouverts par ailleurs. En sera-t-il de même cette fois, et pourquoi certains sujets sont-ils tabous pour vous ?

Je suis cependant de tout coeur avec vous, et, pour tout le reste, mon combat est le vôtre.

Jean-Pierre Hollard, Ruoms (Ardèche)

Le procès du singe

Qui gagne véritablement le procès du singe en 1925 ? Certes, Scopes, l’enseignant accusé de professer des thèses darwinistes, échoue à faire valoir sa cause devant les tribunaux dans l’État du Tennessee. Mais c’est oublier qu’en 1925, alors que se tient le procès, la presse nationale couvre de ridicule les anti-darwinistes du Tennessee, traitant la population locale d’attardés et de ploucs. En 1925 comme aujourd’hui, on ne brosse pas un portrait fidèle des États-Unis si l’on ne prend pas en compte le mépris insondable que réservent au créationnisme des millions d’États-Uniens.

Par ailleurs, le procès n’oppose pas les tenants de la religion aux tenants de la science. Dans l’affaire, les défenseurs du darwinisme comme ses détracteurs se battent alors à coups de citations bibliques, preuve s’il en est que la religion, contrairement à l’obscurantisme, est compatible avec la science.

Enfin, notre système scolaire centralisé et « laïque » est loin d’être le seul rempart possible contre le créationnisme. Que je sache, nos voisins européens comme l’Allemagne ou l’Angleterre, dont l’école n’est ni laïque ni centralisée, ne subissent pourtant pas d’incursions irrépressibles du créationnisme.

Le créationnisme triomphant aux États-Unis, la religion contre la science, la laïcité française comme seule solution universelle : assez de clichés franco-français ! Pour comprendre vraiment ce qui se passe à l’étranger, il est bon parfois d’ôter ses lunettes nationales, surtout quand celles-ci nous placent au centre du monde.

Marie Plassart (courrier électronique)

De passage en France

Un petit témoignage sur ce qui risque d’arriver en France si Sarko Ier réussit à imposer son projet « Tout comme aux États-Unis ».

Mon frère, qui habite aux États-Unis, est venu passer quelques semaines en France. Un jour, je vais avec lui chez mon toubib, où j’ai rendez-vous, et, comme ce dernier est un copain en plus d’être mon médecin, il invite mon frère à entrer dans son cabinet avec moi. Il fait son truc, puis je fais un chèque de 22 euros. Mon frère sursaute : « C’est tout ? Aux US, cela coûte entre 60 et 80 dollars pour le moindre rendez-vous ! » Après, on va à la pharmacie, je sors ma carte Vitale, je prends mes médocs, je dis merci et on part. Mon frère n’en croit pas ses yeux : « Comment t’as fait ça sans qu’un centime ne change de mains ? » Quand je lui explique notre système, la Sécu plus ma mutuelle, qui coûte dans les 100 euros par mois, il me dit que chez lui la moindre mutuelle, qui ne couvre pas grand-chose, coûte au moins 300 à 400 dollars par mois.

Une petite anecdote de plus : presque à chaque fois qu’il mangeait quelque chose, il disait qu’il n’avait jamais goûté des saveurs pareilles…

William Peterson, Gère-Bélesten (Pyrénées-Atlantiques)

Courrier des lecteurs
Temps de lecture : 5 minutes