Les parias

Olivier Doubre  • 20 décembre 2007 abonné·es

On croit souvent que le mot « paria » est originaire de l’Inde, rapporté par les Britanniques après leur conquête du sous-continent. Il n’en est rien ! Il fut inventé par des militaires et des missionnaires portugais au XVIe siècle, puis repris par des employés de la Compagnie des Indes orientales pour désigner les êtres inférieurs et souvent les confondre avec les personnes « hors castes »…

C’est la première révélation et le point de départ du livre d’Eleni Varikas, professeure de théorie politique à Paris-VIII et spécialiste des questions de genre, qui s’est intéressée aux figures de ceux qu’elle nomme, par un clin d’oeil au sociologue Zygmunt Bauman, « les rebuts du monde » . Dans ce livre, qui est à la fois une fresque historique et une réflexion philosophique, elle revient dans le détail sur l’évolution du mot « paria », et sur les groupes de femmes et d’hommes qu’il a désignés au cours des siècles où, paradoxalement, l’Occident s’émancipait et proclamait solennellement les droits humains. Juifs, femmes, peuples colonisés, prolétaires, voire artistes maudits : à chaque époque, toute société, même la plus moderne, a toujours fini par exclure certains de ses membres.

De la littérature à la philosophie et aux discours politiques, l’auteur dessine avec brio cette « figure » qui signifie « l’échec de la capacité à fonder la communauté humaine sur une conception véritablement universaliste de l’humanité, sur le respect de la diversité et de la pluralité constitutives du genre humain » .

Idées
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