Courrier des lecteurs Politis 986

Politis  • 24 janvier 2008 abonné·es

Tant pis pour le PS…

La gauche du PS déplore la position du parti sur le traité de Lisbonne. Une solution toute simple : on ne vote pas pour les socialistes au premier tour des prochaines élections. Je sais, ce n’est pas facile. À Poitiers, à gauche depuis 1977, le député PS de la 1re circonscription postule à la tête d’une liste PS-PC-VERTS et autres divers gauche. En trente ans, ce sera la première fois que je ne voterai pas pour eux au premier tour. Mon suffrage ira à la liste LCR Alternatifs et collectifs antilibéraux. Si, au 2e tour, M. Clayes, député, maintient sa position « Je ne négocierai rien avec cette liste », eh bien, tant pis, à mon grand regret, il se passera de ma voix. Ma position sera identique pour le conseil général. Les alliés du PS sont bien silencieux sur ce sujet.
Autre chose : nous voyons revenir dans les sondages la médiatisation de la fée du logis. Allons-nous voir, comme en 2005, le candidat du PS à la prochaine présidentielle (Royal, Delanoé…) être désigné par les médias ou le bouffon de l’Élysée ?

Marc Coirier

Au bal des faux culs

Que le cynique M. Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, ait présenté, avec ses airs patelins de Raminagrobis, comme une décision de son groupe ­ alors qu’il n’en est rien ­ le boycott du congrès de Versailles regarde d’abord le PS. Qu’il prenne les parlementaires socialistes, ses collègues, pour des imbéciles en dit simplement long sur la camarilla qui pilote à vue ce parti déliquescent. Qu’il prétende, en déposant après le boycott une motion référendaire, que ce parti serait cohérent, alors que chacun sait qu’une telle motion n’a strictement aucune chance d’aboutir, ajoute au mépris qui est le sien pour les parlementaires socialistes qui ont eu le front de voter « non » au référendum.

Mais, pour le coup, ce sont tous les Français qui sont concernés par cette pitoyable tentative d’enfumage. Car au fur et à mesure que la date du Congrès approche, nos concitoyens s’aperçoivent bien qu’il n’y a qu’une manière d’éviter que le Président Sarkozy nous impose sa resucée du traité constitutionnel rejeté par les Français : il faut tout simplement, d’abord, que les parlementaires socialistes soient fidèles à l’engagement de leur parti et de leur candidate pendant la campagne présidentielle, en exigeant un référendum, en votant « non » à la réforme constitutionnelle. L’occasion est manifestement trop belle pour la direction du PS de prendre sa revanche sur le vote du 29 Mai, où il fut désavoué comme on sait par ses propres électeurs. Oubliées, les grandes envolées sur la démocratie participative et la politique autrement. Piétinés, les grands engagements sur les valeurs et la fidélité à la parole donnée. Bafoués, les électeurs et les électrices qui ont cru à la parole du Parti socialiste et à celle de la télévangéliste qu’il s’était imprudemment donnée.

Les élections municipales et cantonales à venir arrivent à point nommé pour rappeler que les électeurs peuvent exprimer clairement qu’on ne saurait les tromper tous, tout le temps. À l’argument sempiternellement servi à chaque élection ( « Vous préférez voter pour la droite ? » ), il serait temps pour les électeurs de gauche de réclamer au préalable le respect de la parole donnée. Il faut cesser d’accorder à chaque élection une absolution plénière aux impostures de ceux qui réclament nos suffrages tout en méprisant les principes qui devraient nous être communs. En clair, pour éviter la langue de bois des faux culs qui abusent de la confiance de leurs électeurs, il faut avertir clairement que nous ne saurions apporter nos voix aux têtes de listes municipales s’ils ne prennent pas un positionnement sur la question référendaire en accord avec leurs engagements. Il se pourrait bien alors qu’au nom de leurs intérêts électoraux bien compris certains retrouvent des chemins et des vertus plus démocratiques.

André Curtillat

Médias

Bravo pour les pages « Ces émissions à part » du n° 983. Je trouve bien préférable de valoriser, comme vous le faites dans ce dossier, les émissions (finalement, elles sont nombreuses et variées) qui « nuisent à la bêtise », plutôt que de rabâcher nos griefs à l’encontre des médias aux ordres. Je souhaiterais que soit étoffée la rubrique « À vos postes » et celle sur la télévision, pour mieux signaler les émissions qui valent la peine d’être vues ou entendues.

Henri Collanges

Et «~L’Humeur vagabonde~» ?

Aux « émissions à part » que vous évoquiez dans le n° 983 de Politis , je pense qu’il faut ajouter « L’Humeur vagabonde », diffusée sur France Inter de 20 h 10 à 21 h du lundi au jeudi. Pour ma part, j’y apprends beaucoup de choses, et Kathleen Evin, l’animatrice, sait poser des questions pertinentes avec un grand respect des invités, et elle propose un bon choix musical.

Jean-Charles Sutra, Laroque-d’Olmes (Ariège)

Une de plus

Àla suite de votre dossier sur les émissions de radio et de télévision à part, paru dans le n° 983 de Politis , je voudrais signaler également l’émission remarquable de Ruth Stegassy « Terre à terre », le samedi de 7 h à 8 h, sur France culture.

Marie-Jo Guicciardi, La Valette (Var)

Publicité et chaînes publiques

Bien sûr, on ne s’atttendait pas à une idée pareille de la part d’un gouvernement qui favorise plutôt le contraire […]. En tout cas, il ne faut pas se livrer à une bataille de chiffonniers sur le « comment faire ». Sans doute, un gouvernement de gauche le ferait-il mieux~! La suppression de la publicité ne doit en aucun cas porter atteinte au service public~: les chaînes et radios publiques doivent rester prioritaires et majoritaires. Dans le prolongement du Grenelle de l’environnement, supprimer la pub est une bonne chose, car celle-ci incite à surconsommer, à polluer et à épuiser les ressources naturelles.[…]

C. et D.Dunezar, Trentels (Lot-et-Garonne)

Le Dakar

À en croire nos journalistes de Stade 2 unanimes, tout le monde pleure le Dakar et son lot d’actions humanitaires, si vitales pour l’Afrique… Comme si un peu d’humanitaire pouvait rendre éthique cette course de riches allant faire le culte de la puissance et de la compétition automobile sur le continent noir ! À l’image de Leclerc faisant du commerce équitable et du développement durable, ou encore de Renault ou Porsche luttant contre le réchauffement climatique, il y a en effet de quoi pleurer à voir tout ce beau monde médiatico-financier si peu capable de se remettre en question !

Nous n’irons pas jusqu’à remercier les terroristes d’avoir réussi là où notre simple condamnation morale a si longtemps échoué. De toute façon, ces gentils Occidentaux bien-pensants trouveront un autre terrain de jeu dès l’année prochaine, rassurez-vous, chers téléspectateurs du service public !

Ce qu’il faut retenir, c’est que la bêtise humaine n’a cédé que face à la peur du terrorisme (autre forme de bêtise), et non après avoir enfin fait l’autocritique de ce sport absurde et du modèle de civilisation véhiculé !

Quand on sait l’urgence d’une remise en question de notre modèle de développement pour faire face aux impasses de demain (climat, ressources, etc.), l’aveuglement de ces gens-là fait vraiment froid dans le dos !

Michel Kubler, Moselle

Une utopie de plus

En ce début 2008, il est important de rappeler au locataire actuel de l’Élysée que le président de la République est élu pour représenter tous les Français. Pas uniquement ceux de la France bien-pensante, ceux qui se lèveraient tôt pour aller travailler, ceux qui scrutent le CAC 40 et spéculent à la Bourse, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, installés dans leur tour d’ivoire de l’individualisme, de la compétition permanente, quitte à marcher sur leur voisin sans même s’en rendre compte !

Lui rappeler aussi que le 29 mai 2005, 53 % de Français ont voté « non » au référendum, dont 12 millions de citoyens de gauche. « Non » pour le traité présenté, mais d’accord pour dire « oui » à une Europe non-marchande, qui tire vers le haut une harmonisation sociale et fiscale, qui respecte les différentes cultures, pas une Europe du dumping social et humain !

La construction de l’Europe est un sujet difficile, primordial,qui va décider pour de nombreuses années du cadre de la politique économique, monétaire et sociale à mener, ainsi que l’établissement des règles de son fonctionnement. Pour 27 pays. Le président de la République se doit, par respect pour tous ses concitoyens, d’organiser un nouveau référendum. […] Le traité modificatif de Lisbonne est identique au précédent, à 98 %. Faire croire à un nouveau traité, prétendument simplifié, mais en définitive plus complexe et illisible, est une belle entourloupe !

Le faire ratifier par voie parlementaire est vraiment un déni de démocratie. C’est se moquer du monde, trahir la confiance accordée par ses concitoyens. Et tout cela avec la complicité passive des principaux médias pour minorer ce sujet important. C’est à nous, citoyens, de réagir, de prendre conscience de ce que de nombreux politiques veulent nous imposer […]. Nous sommes dans l’attente qu’un jour s’exerce enfin une réelle démocratie citoyenne et participative, à tous les niveaux. Une utopie de plus en ce début 2008 ?

Françis Melou, Tournefeuille (Haute-Garonne)

Incitation fiscale à plus de pollution

À l’heure ou l’on parle d’incitation fiscale ayant pour objectif la baisse de la consommation de carburant, il est intéressant de savoir que le marché du yacht de luxe se développe à vitesse grand V. Dans ce domaine, on ne se prive de rien. Une très grande partie des yachts, tous plus gourmands les uns que les autres, bénéficient de faveurs douanières et fiscales : carburant et autre ravitaillement détaxé (TVA et TIPP, le prix d’un litre de gasoil s’établissant entre 0,30 et 0,45 euro).

On est loin des engagements plus ou moins évoqués lors du Grenelle de l’environnement.

Sur la Côte d’Azur, plus de 80 % des bateaux sont des bateaux à moteur (bonjour les écolos !).

La Méditerranée subit les agressions de ces bolides dangereux et extrêmement pollueurs grâce à l’aide de l’État (donc du contribuable, qui paye son carburant bien taxé pour pouvoir aller à son travail et ainsi payer ses impôts).

Il faut savoir que ces yachts, qui peuvent consommer de 250 à 1 000 litres par heure de gasoil, sont le loisir d’une catégorie de « clients rois » à qui l’on vient récemment de diminuer l’imposition de revenu.

Ces « gagnants » du système politique actuel peuvent débourser plusieurs milliers d’euros par jour (ils ont sûrement travaillé plus que les autres), et ont ainsi le droit de pourrir la planète avec la bénédiction et la bienveillance de la législation française et européenne pour que le business du superyacht continue sa croissance.

Et c’est le même scénario, a priori , en ce qui concerne les jets privés, qui bien souvent transportent ceux qui viennent profiter de leur yacht. […]

Créée en 1951 pour approvisionner les navires américains de l’Otan basés à Villefranche-sur-Mer, la firme EGP s’est réorientée depuis vers l’avitaillement de la plaisance, puis de la grande plaisance, à la fin des années 1960. Depuis, elle est devenue, grâce à ses ventes en duty free, « le 3 e exportateur du bassin cannois » . La société a ainsi réalisé 11 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Elle est capable de livrer l’une des 5 000 références de son catalogue (vins, cigares, foie gras, denrées fraîches…) en moins de vingt-quatre heures à ses très exigeants clients.

M. Anglez

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