Berlusconi lâche les chiens

L’Italie offre, depuis l’élection de Silvio Berlusconi à la présidence du Conseil, il y a quelques semaines, un visage de plus en plus inquiétant. Alors que la région de Naples croule sous les ordures, le gouvernement semble vouloir détourner l’attention de ses administrés sur d’autres « problèmes ». Et pour ce faire, quoi de mieux que de désigner des boucs émissaires à la vindicte populaire ? Après que plusieurs municipalités gérées par la Ligue du Nord, parti xénophobe, ont lancé des « rondes citoyennes » chargées de traquer les petits délits – et surtout les prostitué(e)s à la nuit tombée –, le climat s’est brusquement alourdi sur la question de l’immigration. Le nouveau maire de Rome, le « post-fasciste » Gianni Alemanno (Alliance nationale), élu une semaine après la victoire du gouvernement Berlusconi, avait demandé dès son entrée en fonction 20 000 expulsions de clandestins au nouveau ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, principal dirigeant de la Ligue du Nord (cf. Politis n° 1002). Ce dernier, pour ne pas être en reste, a, dès son arrivée, dépêché des centaines de policiers faire irruption dans des camps de nomades ou de Roumains (pourtant citoyens européens), et les deux principaux partis alliés de Silvio Berlusconi, la Ligue du Nord et Alliance Nationale, multiplient ces jours-ci les déclarations pour la création d’un nouveau « délit d’immigration clandestine », puni de prison ferme avant expulsion.

Dans ce climat politique nauséabond, les agressions d’étrangers de la part de bandes de néofascistes se sont multipliées, en particulier à Rome et à Naples. Enfin, pour compléter ce détestable tableau, la ministre de « l’Égalité des chances », la pulpeuse Mara Carfagna, qui avait fait rêver en direct Berlusconi à la télévision, vient de retirer le patronage du gouvernement à la Gay Pride, jugeant que cette manifestation « d’exhibitionnisme effréné » était totalement « inutile », les gays « n’étant pas discriminés en Italie ». Pourtant, il y a quelques jours, un groupe de néofascistes a saccagé le Centre gay et lesbien de Rome, qui a pignon sur rue depuis des années…