Darcos fait la sourde oreille

Ingrid Merckx  • 29 mai 2008 abonné·es

« Les défilés ne changeront rien à l’affaire » , a lâché Xavier Darcos, car « l’affaire » est entendue : les 11 200 suppressions de postes pour la rentrée, préfigurant une autre vague en 2009, et le service minimum à l’école. Peu lui importent les mobilisations qui secouent le monde de l’éducation depuis mars, et qui étaient reconduites ce 24 mai un peu partout en France.
À Cannes, où il remettait le prix de l’Éducation nationale à Tulpan du Kazakh Sergey Dvortsevoy, et tentait de mettre la main sur Laurent Cantet, lauréat de la Palme d’or 2008 pour son film Entre les murs, qui retrace justement le quotidien d’une classe de 4e dans le XXe à Paris, le ministre amorçait déjà sa réunion des 26 et 27 mai avec les syndicats. Ordre du jour : l’avant-projet de loi sur le « droit d’accueil » des élèves en primaire et maternelle. Un droit qui prévoit la mise en place par les communes d’un dispositif d’accueil lorsqu’au moins 10 % des enseignants ont l’intention de participer à une grève. Le texte de loi devrait être divulgué « avant l’été », a annoncé Nicolas Sarkozy le 15 mai, pariant sur la popularité de cette mesure qui viendrait limiter le droit de grève.
*
« C’est légitime qu’on se préoccupe de la situation des familles, mais la meilleure façon d’éviter les inconvénients d’une grève, c’est d’éviter la grève »* , avait déclaré Gérard Aschieri de la FSU au Monde le 16 mai. Une inquiétude pour chasser l’autre ? « Je ne me sens pas porte-parole, a précisé le cinéaste Laurent Cantet sur France Inter, le 26 mai, mais je suis évidemment solidaire de ce qui se passe, parce que je pense que l’école a besoin de plus d’enseignants. Le film montre que les relations ne sont pas faciles mais que, plus elles sont individualisées, plus elles sont efficaces pédagogiquement. »
Les lycéens, encore 40 000 à se mobiliser contre les suppressions de postes le 24 mai, ont également constaté que la réforme du lycée était entamée « avec la nomination d’une personnalité chargée de conduire la mission » , a précisé l’UNL, qui a appris la nouvelle par voie de presse. À quand le droit à un dialogue social minimum ?

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

En France, l’État acte l’abandon des quartiers
Quartiers 23 avril 2025 abonné·es

En France, l’État acte l’abandon des quartiers

En voulant supprimer l’Observatoire national de la politique de la ville, le gouvernement choisit de fermer les yeux sur les inégalités qui traversent les quartiers populaires. Derrière un choix présenté comme technique, c’est en réalité un effacement politique du réel qui se joue. 
Par Maxime Sirvins
Protection de l’enfance, en finir avec les liens du sang
Enquête 23 avril 2025 abonné·es

Protection de l’enfance, en finir avec les liens du sang

Selon la Convention internationale des droits de l’enfant, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être « une considération primordiale » dans toutes les décisions qui le concernent. Mais en France, la politique familialiste a longtemps privilégié les droits des liens biologiques. Les lignes commencent à bouger et se heurtent à l’état désastreux de la protection de l’enfance.
Par Elsa Gambin
« Il existe une banalisation des pratiques non conventionnelles de soin »
Entretien 17 avril 2025 abonné·es

« Il existe une banalisation des pratiques non conventionnelles de soin »

Donatien Le Vaillant, chef de la Miviludes, revient sur le dernier rapport d’activité de la mission interministérielle, révélant une augmentation continuelle des dérives sectaires entre 2022 et 2024 en matière de santé.
Par Juliette Heinzlef
« Avant, 70 % des travailleurs géraient la Sécu. Aujourd’hui, c’est Bayrou. Voilà le problème »
La Midinale 16 avril 2025

« Avant, 70 % des travailleurs géraient la Sécu. Aujourd’hui, c’est Bayrou. Voilà le problème »

Damien Maudet, député LFI-NFP de Haute-Vienne, auteur de Un député aux urgences aux éditions Fakir, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien