Un plan sans fonds

Maïram Guissé  • 26 juin 2008 abonné·es

Le plan «Espoir banlieue» est enfin en marche. Du moins a-t-il été officiellement lancé par Fadela Amara, le 20~juin, à Meaux, à l’occasion de la réunion du Comité interministériel des villes. La secrétaire d’État à la Politique de la ville a réaffirmé quelques mesures phares dans 215~quartiers prioritaires, comme le «contrat autonomie». 45~000~contrats devant servir à «coacher» des jeunes pour «diviser par deux le chômage dans les cités» devraient êtres «signés» d’ici à trois ans. Par ailleurs, 500~millions d’euros doivent être consacrés au désenclavement des quartiers par le développement des transports.

«Les mesures sont bonnes, mais comment seront-elles financées ? Et qu’en est-il de la Dotation de solidarité urbaine (DSU) ?», interroge l’association des maires «Ville et banlieue». Voilà des années que ces élus demandent à ce que la dotation de l’État aux communes soit concentrée sur les plus pauvres. Selon les critères actuels, toutes celles qui comptent un quartier sensible sur leur territoire y ont droit, y compris celles qui profitent de taxes professionnelles. «Sur 950~communes, 715 bénéficient de la DSU. Elle n’est pourtant pas indispensable à des grandes villes de plus de 100~000~habitants, comme Nantes ou Toulouse !», s’insurgent les maires de «Ville et banlieue».

Ces derniers ont adressé au gouvernement des propositions pour réformer la dotation dans le sens d’une meilleure péréquation villes riches/villes pauvres. Ils n’ont encore reçu aucune réponse. «Nous préparons la réforme de la DSU, a assuré la ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, le 20~juin sur France Inter. Elle figure au programme de la loi de finance de 2009.» Quelle en sera la teneur ?

«Nous sommes inquiets, a confié François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles, et vice-président de «Ville et banlieue», le 20~juin, sur la même station. Nous n’avons pas le sentiment que ça avance dans le bon sens : celui d’une grande redistribution.» Une redistribution sans laquelle, prévient-il, le plan banlieue serait «voué à l’échec».

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

En France, l’État acte l’abandon des quartiers
Quartiers 23 avril 2025 abonné·es

En France, l’État acte l’abandon des quartiers

En voulant supprimer l’Observatoire national de la politique de la ville, le gouvernement choisit de fermer les yeux sur les inégalités qui traversent les quartiers populaires. Derrière un choix présenté comme technique, c’est en réalité un effacement politique du réel qui se joue. 
Par Maxime Sirvins
Protection de l’enfance, en finir avec les liens du sang
Enquête 23 avril 2025 abonné·es

Protection de l’enfance, en finir avec les liens du sang

Selon la Convention internationale des droits de l’enfant, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être « une considération primordiale » dans toutes les décisions qui le concernent. Mais en France, la politique familialiste a longtemps privilégié les droits des liens biologiques. Les lignes commencent à bouger et se heurtent à l’état désastreux de la protection de l’enfance.
Par Elsa Gambin
« Il existe une banalisation des pratiques non conventionnelles de soin »
Entretien 17 avril 2025 abonné·es

« Il existe une banalisation des pratiques non conventionnelles de soin »

Donatien Le Vaillant, chef de la Miviludes, revient sur le dernier rapport d’activité de la mission interministérielle, révélant une augmentation continuelle des dérives sectaires entre 2022 et 2024 en matière de santé.
Par Juliette Heinzlef
« Avant, 70 % des travailleurs géraient la Sécu. Aujourd’hui, c’est Bayrou. Voilà le problème »
La Midinale 16 avril 2025

« Avant, 70 % des travailleurs géraient la Sécu. Aujourd’hui, c’est Bayrou. Voilà le problème »

Damien Maudet, député LFI-NFP de Haute-Vienne, auteur de Un député aux urgences aux éditions Fakir, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien