Un art mis aux voix

Une soirée avec les meilleurs interprètes
du « chant à guitare »
de Sardaigne.

Denis Constant-Martin  • 29 janvier 2009 abonné·es

Les fêtes patronales des villages sardes culminent, surtout l’été, lorsque la nuit est accueillante, dans des joutes musicales où se mesurent des maîtres de ce qu’on appelle là-bas simplement le cantu a chiterra , le chant à guitare. Derrière la banalité de cette appellation se cache un art, sans doute ancien, qui consiste à interpréter des textes poétiques ayant souvent plus d’un siècle et transmis oralement en improvisant des « voix », des lignes mélodiques enluminées par certaines caractéristiques vocales qui transfigurent l’air originel du chant. Les chanteurs sont soutenus par un guitariste qui, sur le moment même, conçoit les accompagnements les plus appropriés à ces voix.
Les maîtres de ce chant sont des professionnels qui doivent non seulement posséder une ample tessiture avec des aigus impeccables et le sens de la variation impromptue, mais aussi une très fine connaissance des styles des chanteurs du passé ou des grands d’aujourd’hui, auxquels ils se réfèrent souvent. Les joutes opposent en général trois chanteurs. Les spectateurs sont pour la plupart de fins connaisseurs capables de saisir les qualités particulières d’une voix. S’il n’y a pas de proclamation formelle de victoire, les auditeurs font savoir clairement qui des protagonistes a leur préférence. À Nanterre, trois des meilleurs représentants de la jeune génération des cantadores s’affronteront avec le concours de deux remarquables guitaristes illustrant les deux styles de jeu majeurs employés dans le cantu a chiterra.

Culture
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