War on terror dans le Val-de-Marne

Les jeunes des « quartiers difficiles » sont désormais assimilés à de véritables terroristes de l’intérieur : cela justifie le déploiement d’impressionnants dispositifs répressifs.

Sébastien Fontenelle  • 29 janvier 2009 abonné·es

Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy devient président de la République. Trois mille policiers sont déployés à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine. Des sources policières indiquent au Monde qu’ « il n’y a pas de remontées d’informations alarmistes » . RAS. Mais, dans le doute, on surveille les banlieues (et bien sûr « les mouvances radicales de l’extrême gauche » ). Le décor est planté : au premier soir du règne d’une droite qui revendique sa « décomplexion », l’idée générale est que les jeunes des cités menacent la démocratie. Cela justifie un déploiement hollywoodien où « certains quartiers pourront faire l’objet d’une surveillance policière particulière, effectuée par un hélicoptère doté d’un puissant projecteur, d’une caméra thermique et d’équipements permettant de détecter les mouvements » . Ce n’est pas encore Kaboul, mais ça commence à y ressembler.
Novembre 2007. Deux adolescents meurent dans une collision avec une voiture de police : Villiers-le-Bel s’embrase. Hamé, chanteur du groupe La Rumeur, observe que les effectifs déployés par le ministère de l’Intérieur « renvoient à un état de siège » . Donc : « On passe de simples opérations de police à des opérations de type militaire. » Comme en Afghanistan. Le directeur de la police nationale promet que les émeutiers qui ont tiré sur des policiers « seront impitoyablement poursuivis et arrêtés : il faut qu’ils sachent que même lorsque le calme sera revenu, on continuera à les chercher ». George W. Bush, après le 11 Septembre : « Nous les trouverons, nous les jugerons »…

Octobre 2008. La Direction centrale de la sécurité publique présente « devant des responsables policiers des pays européens » son nouveau « modèle de maintien de l’ordre dans les quartiers difficiles ( *Le Monde, 17 octobre 2008. ) »* . Adieu, poésie : les forces de l’ordre seront désormais armées d’un Flashball à lunette de visée et soutenues par de gros « moyens aériens » (petits avions, hélicoptères, drones). Surtout : elles pourront pratiquer des gardes à vue de 96 heures. Comme dans les affaires de terrorisme. L’ennemi intérieur de banlieue a cet avantage sur les talibans afghans qu’il permet, lui, de faciles triomphes…

Société
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