Leçons indigènes à l’usage des Blancs

Les peuples de la forêt sont venus au FSM pour alerter sur la crise de la biodiversité.
Ils ont lancé une campagne pour sauver leurs territoires et ceux qui y vivent.

Patrick Piro  • 5 février 2009 abonné·es

À pas rapides, ils fendent la foule en file, comme entre les arbres d’un sentier de forêt. Les appareils photo se tendent. Les peuples indigènes impriment leur marque au forum dès le premier jour. Difficile de les ignorer, vu leur nombre – près de 2 000 hommes et femmes issus de plusieurs dizaines de communautés d’Amérique latine – et la couleur de leurs tenues d’apparat, peau cuivrée ornée de peintures. Xavante, Kayapo, Munduruku, Matis, Marubu… Ceux d’Amazonie sont venus avec lances et arcs. Ces peuples de la forêt profonde comptent près de 500 000 âmes réparties entre 220 tribus.
À Belém, ils ont monopolisé la tribune en conclusion de la marche d’ouverture, et à plusieurs reprises ensuite. « Les fleuves sont étranglés, les poissons disparaissent, nous souffrons et la planète aussi. Il faut sauver la forêt, l’eau, la vie, et ce n’est pas seulement notre affaire, mais aussi la vôtre ! » , expliquent-ils. « Je n’ai pas été à l’école, mais je sais prendre soin de la forêt, lance un Yanomami. Beaucoup de Blancs ont étudié, pourtant ils la détruisent. »

Disposant d’un chapiteau sur le campus de l’Université fédérale rurale, les indigènes, affiliés à plusieurs réseaux régionaux, ont lancé une campagne pour sauver l’Amazonie et ses peuples. « À Belém, ils nous ont réinculqué la nature, et nous ont montré que la crise de la biodiversité est aussi l’expression d’une crise de civilisation » , estime Cândido Grzybowski, directeur des programmes de l’Institut brésilien d’analyses sociales et économiques (Ibase). « Nous avons montré que nous sommes des acteurs politiques vivants, pas du folklore », ajoute le Péruvien Mario Palaciu. Cinq chefs d’État latino-américains se sont retrouvés à Belém, et les principaux représentants indigènes ont tenté de les rencontrer. Échec. « C’est de notre faute, nous aurions dû mieux préparer notre coup, c’est une leçon à retenir » , convient Marcos Apurinã, vice-coordinateur de la Coiab, qui représente près de 60 % de la population indigène du Brésil. « Mais un jour, comme Morales en Bolivie, comme Obama aux États-Unis, nous aurons nous aussi un indigène au pouvoir dans ce pays ! »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert