Courrier des lecteurs Politis 1043

Politis  • 12 mars 2009 abonné·es

Au moment où le Hamas et le Fatah tentent de refonder l’unité palestinienne pour donner quelque chance à un nouveau processus de paix, Israël annonce le doublement des colonies en Cisjordanie. Sûrement une coïncidence !

Michel Avila, Cahors

Une lettre de Janette Habel

Le courrier de Gérard Ponthieu ( Politis n° 1041) complète et éclaire dans une certaine mesure son reportage sur Cuba (Politis n° 1032-33), que j’avais critiqué ( Politis n° 1038). Gérard Ponthieu a le mérite d’illustrer la polarisation habituelle du débat sur Cuba. Pour les uns, le régime castriste est seul responsable du malheur des Cubains, l’embargo et la politique des États-Unis n’étant qu’un prétexte habilement utilisé par Fidel Castro. Pour les autres, tout est de la faute de l’impérialisme américain et de son « blocus économique », ils exonèrent la direction castriste de toute responsabilité dans la crise actuelle. Peut-on refuser ce choix binaire en analysant la révolution cubaine en fonction de son histoire, des contraintes économiques et sociales de l’île caribéenne, en la situant dans son environnement géopolitique à 200 km des États-Unis, et en rappelant qu’elle est née dans un contexte historique aujourd’hui disparu, celui de la Guerre froide ? Une étude plus rigoureuse et moins passionnelle pourrait être utile à ceux qui souhaitent réfléchir à la complexité des rapports entre démocratie, marché et planification dans les processus de transition au socialisme, et aux moyens de combattre l’essor de la bureaucratie.

J. H. (Paris)

Agroécologie

Nous avons participé au Colloque international d’agroécologie l’automne dernier à Albi, et nous nous sommes enrichis des témoignages internationaux, très forts : Mexique, Espagne, Inde, etc. En revanche, nous avons constaté chez nos collègues français une vision très restrictive de l’agroécologie. Une question s’est alors posée à nous : l’agroécologie serait-elle le nouveau vocable pour définir un concept d’agriculture limité à un seul réseau d’acteurs ? C’est ce que nous avons ressenti dans les rencontres de travail et qui ressortait fortement dans l’article de Sophie Chapelle paru dans Politis n° 1035, « Le retour en force des paysans ». Quant à la biodiversité, elle ne se réduit pas à un conservatoire du passé, elle est toujours en évolution. Les affirmations techniques reprises par la journaliste n’ont pas valeur de référence ! La brebis Romane (ex-Inra 401), par exemple, produit de la recherche génétique positive, permet à de nombreux éleveurs en agriculture paysanne
de se réaliser dans leur métier.

La Confédération paysanne et les Associations pour le développement de l’emploi agricole et rural (Adear) travaillent depuis une dizaine d’années à promouvoir et à développer l’agriculture paysanne. Cette agriculture se définit par des critères économiques, sociaux et environnementaux : maîtrise du volume de production, revenu décent, mode de production non intensif, mixité du système, produits de qualité, agriculture autonome et économe qui aménage le territoire. Elle respecte l’environnement, est accessible à tous, reproductible, non restrictive et source de qualité de vie. Elle permet la transmissibilité des exploitations et la solidarité. L’agriculture paysanne est une démarche mettant en œuvre les pratiques agroécologiques dans un esprit d’ouverture et de respect des expériences. Sans entrer dans les techniques pratiquées, de nombreuses actions collectives témoignent que l’agriculture paysanne, qui n’est pas médiatisée, est pourtant bien vivante aujourd’hui. Elle est un réel outil de maintien et d’installation de paysans. Toujours dans le n° 1034 de Politis , l’article « Une chambre particulière pour les paysans basques » présentait un véritable modèle d’organisation collective portant haut les valeurs de l’agriculture paysanne défendues par la Confédération paysanne. Attention aux intégrismes ! Les chemins de l’agriculture ne seront pas uniques, mais heureusement pluriels !

Alice et Michel Séon, Tarn

La forêt des Landes

Je lis toujours avec grand intérêt les papiers de Claude-Marie Vadrot sur l’environnement.
Cependant, je ne partage pas son avis sur le fait que la tempête qui a dévasté la forêt des Landes soit une catastrophe écologique pour la biodiversité (voir Politis n° 1040). Que ce soit une catastrophe socio-économique pour les professionnels du secteur et de l’économie liée au bois, d’accord, mais écologique, j’en doute. Premièrement, cette forêt est artificielle et ne porte pas le nom « des Landes » pour rien. Deuxièmement, les forêts ont connu de tout temps (même avant que l’humanité n’existe) des tempêtes et des coups de vent. Or, les chablis participent de la vie des écosystèmes, il n’y a guère que les forestiers classiques qui pensent qu’un arbre mort est « mort ». Sans parler du fait qu’une forêt de pins sur ce substrat des Landes, vu les systèmes raciniens et les sols sableux, est particulièrement exposée. Les Landes ne sont-elles pas en train de revenir à un état antérieur, naturellement ? Je pose la question. J’ai même lu que là où elle perdait du terrain, cette forêt pouvait être remplacée par une formation végétale plus feuillue et plus riche en biodiversité. Là encore, je ne parle pas de la dimension sociale qui, comme l’écrit Claude-Marie Vadrot, est dramatique.

Farid Benhammou,
géographe, Beaugency (45)

Les pôles emploi

En janvier 2004, je signe une convention de préretraite progressive pour une durée de cinq années. Pour le mi-temps non travaillé je perçois une allocation des Assedic de Paris (lieu de domiciliation de mon employeur). Le 31 décembre 2006, je suis licencié, les Assedic de Versailles (lieu de mon domicile) me prennent alors en compte. Le 1er janvier 2009, j’ouvre droit à la retraite.

Pour régulariser ma situation, une caisse de retraite m’a réclamé une attestation d’Assedic pour 2004. J’ai essayé de l’obtenir par Internet, sans succès. Après de nombreux essais téléphoniques, un conseiller m’a suggéré de me rendre à l’agence de Versailles.

À Versailles, je suis reçu par une personne qui me propose de faire ma demande par Internet. Je lui explique que j’ai déjà effectué toutes ces démarches sans succès. Elle s’en occupe et me signifie que je ne peux l’obtenir qu’à Paris. Un agent de l’agence Darius-Milhaud, à Paris XIXe, me dit de faire la demande par téléphone. J’essaie de lui expliquer les démarches que j’ai déjà effectuées. Visiblement, il ne me croit pas […].
Un conseiller me dit que je dois la demander aux Assedic de Versailles ! Je m’énerve un peu… On me propose un entretien avec une conseillère, qui prend le temps de m’écouter et essaie d’obtenir le document. N’y parvenant pas, elle consulte un assistant technique, qui n’a pas plus de succès et me conseille de demander cette attestation à Versailles…
Je retourne aux Assedic de Versailles. Là, je suis reçu par un agent qui m’annonce […] que j’ai trop attendu pour faire ma demande et que ses services ne peuvent pas conserver d’éléments aussi anciens […].
Je lui ai demandé de me confirmer cet entretien par écrit. J’ai reçu confirmation de ses propos par un courrier signé par le directeur du pôle emploi de Versailles.

Pas vraiment satisfait de la réponse, j’ai écrit un courrier au directeur du pôle emploi d’Île-de-France avec menace de copies à divers journaux et associations. Dans les 48 heures, j’ai reçu deux appels téléphoniques du pôle emploi de Versailles me disant qu’il faisait le nécessaire, et j’ai reçu peu après deux attestations […].
Il n’est pas normal de subir un tel parcours du combattant […] pour obtenir satisfaction.

Jean-Philippe Le Noa, Versailles

Courrier des lecteurs
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