PS : Parlons d’autre chose…

Après avoir ratifié ses listes pour les élections européennes, le PS a tenu meeting pour la « défense des libertés ». Un happening qui cache un certain vide programmatique.

Jean-Baptiste Quiot  • 26 mars 2009 abonné·es
PS : Parlons d’autre chose…

«Décalée », « impromptue » . Les commentaires allaient bon train au lendemain de la réunion sur les libertés publiques organisée par le Parti socialiste, dimanche, au Zénith de Paris.
Comment expliquer en effet le peu d’affluence, à peine un millier de personnes, à ce rendez-vous qui se voulait festif et mobilisateur ? La réponse est probablement qu’au plus fort de la crise sociale qui secoue le pays, ce « printemps des libertés » tombait un peu comme un cheveu sur la soupe – même si Martine Aubry a tenu à préciser : « C’est Nicolas Sarkozy qui nous parle de sécurité en plein milieu de la crise. » Pas un seul mot n’a en effet été prononcé, à la tribune, sur l’Europe. Ce n’est donc pas seulement le décalage de ce meeting avec la crise qui interroge, mais celui, aussi, avec la campagne du PS pour les élections européennes du 7 juin prochain.

La grand-messe du PS au Zénith de Paris : un bide absolu. Se Sakutin/AFP

Samedi, le PS donnait pourtant le coup d’envoi officiel de cette campagne : 288 délégués étaient réunis à la convention du Parti, à Paris, pour ratifier les listes. Mais du programme qui devait être présenté le même jour, il n’a finalement pas été question – car les socialistes se trouvent confrontés à un sérieux problème : ils peinent à se démarquer de la droite sur le sujet de l’Europe, après avoir eux-mêmes signé, il y a trois mois, le Manifeste du Parti socialiste européen, qui affirme que « l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, après ratification par tous les États membres, donnerait à l’Europe plus de moyens pour mener, face à nos problèmes, une action démocratique, transparente et efficace ».

On comprend mieux dès lors la grosse ficelle du « printemps des libertés ». Quand des journalistes demandent à Martine Aubry, à la sortie du Zénith, pourquoi le PS a choisi cette date et ce thème, la première secrétaire invoque le hasard : « Cette date avait été choisie parce que Nicolas Sarkozy devait ratifier cette semaine les travaux de la commission Balladur. Mais il a repoussé » l’échéance. Peut-être.

Nicolas Sarkozy a bon dos. Le PS mène en fait une double campagne. Au niveau du PSE, les propositions de la gauche se différencient difficilement de la politique de la droite. Mais, en France, il s’agit de faire bonne figure. Surtout que, selon un récent sondage, 76 % des Français estiment que le PS n’a pas de réponses face à la crise. Et qu’Olivier Besancenot apparaît de plus en plus, aux yeux de l’opinion, comme le meilleur opposant au président de la République.

Si le meeting du Zénith a bel et bien été ce qu’on appelle un bide, c’est que les militants ont éprouvé un malaise devant ce contretemps. Alors que tout le monde attend des réponses sociales, le Parti socialiste a décidé de parler d’autre chose…

Politique
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