Relancer la machine

General Motors compte sur des suppressions d’emploi et les voitures vertes pour renaître de ses cendres.

Vanessa Gondouin-Haustein  • 18 juin 2009 abonné·es

«Le meilleur moyen de sauver GM est de le tuer » , a lancé le réalisateur Michael Moore, originaire de la région, lors de l’annonce de la faillite du géant de l’automobile. Des propos plutôt mal reçus par les salariés du constructeur. « Nous sommes revenus sur de nombreux avantages sociaux, mais nous l’avons fait pour sauver notre industrie. Dans les années 1950, le leitmotiv de GM était “Trop gros pour échouer”. Je continue d’y croire » , explique le syndicaliste George McGregor. Il reconnaît qu’à l’avenir, les conditions de travail et de vie seront plus difficiles, mais « ce qui est bon pour GM est bon pour l’Amérique. Il n’y a pas de raisons que cela change » , ajoute-t-il.

Criblé de dettes, le premier constructeur automobile américain s’est placé sous la protection du chapitre 11 du code des faillites. « Cela ne signifie pas que General Motors va disparaître, mais qu’il existe une chance raisonnable que la société puisse bénéficier d’un plan de sauvetage » , explique Nicolas Puygrenier, avocat français auprès du barreau de New York. Le groupe va fermer onze sites et en mettre trois au chômage technique, il veut par ailleurs réduire ses effectifs de 62 000 ouvriers syndiqués [^2], en 2008, à 38 000 en 2011. L’objectif est de permettre à GM d’être de nouveau rentable en construisant environ 10 millions de voitures par an, contre 16 millions aujourd’hui.

Ces suppressions d’emplois et ces fermetures de sites risquent d’avoir des conséquences douloureuses pour la région de Detroit. « GM cherche à renaître de ses cendres, et le seul moyen qu’il lui reste est de se lancer dans la fabrication de ces petites voitures écologiques, voulue par le gouvernement Obama, qui devrait relancer l’économie de la ville pour les vingt prochaines années » , explique James Griffioen, professeur de droit, architecte et écologiste. « L’usine sera à l’avant-garde en matière d’environnement, et Detroit sera la ville du futur, par laquelle passera la révolution verte dont tant d’économistes parlent » , ajoute-t-il. À Detroit, les salariés, les syndicats, les habitants et les concessionnaires partagent l’idée de James Griffioen. « L’avenir de GM sera vert » , mais surtout pour les autres, car, ici, personne n’est réellement prêt à « renoncer à la sécurité des gros pick-up » . Alors que la majorité des Américains ne se sentent pas mûrs pour une petite voiture, la renaissance du géant de l’automobile par le développement vert risque de prendre plus de temps que prévu avant d’être rentable, à moins que ce symbole de la réussite de l’industrie automobile du XXe siècle ne disparaisse avant.

[^2]: Bénéficiant d’acquis sociaux négociés par l’UAW.

Monde
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