Sélection TV/Radio

Jean-Claude Renard  • 23 juillet 2009 abonné·es

Radio

Samedi 1er août

Proust à l’écran

France Culture, de 15 h à 16 h

Ils sont quelques-uns à y avoir rêvé, à s’y être collé ou à avoir finalement renoncé. Le roman proustien inspire les cinéastes, titille autant qu’il fait peur, et peu importe le volet de la Recherche (rappelons que Louis-Ferdinand Céline n’a jamais encore été adapté, ni pour Voyage au bout de la nuit ni pour Mort à crédit . Abel Gance avait bien tenté une transposition de Voyage , vite avortée). Côté Proust, Luchino Visconti et Joseph Losey se sont arrêtés après l’écriture du scénario pour des raisons diverses qui aboutissent toujours à un aveu d’impuissance (Visconti était allé jusqu’au casting ; Losey avait confié l’adaptation à son complice Harold Pinter). Volker Schlöndorff ( Un amour de Swann ), Chantal Akerman ( la Captive , inspiré librement de la Prisonnière) et Raoul Ruiz ( le Temps retrouvé ) sont allés au bout ; le cinéaste allemand, en 1984, étant même le premier à voir réaliser ce rêve. Chaque épisode de cette série (le samedi, jusqu’au 29 août) est consacré à l’un de ces films, demeuré simple projet ou devenu un film. Autant de regards sur la Recherche, mais autant de réflexions sur ce qui sépare cinéma et littérature. Avec notamment les commentaires de Jean-Yves Tadié, éditeur de Proust dans la Pléiade.

Dimanche 2 août

Les aventures de Mr West au pays du safari

France Culture, 16 h à 17 h

Le terme africain « safari » est probablement le plus connu dans la langue française, signifiant, en swahili, « voyage ». Depuis la fin du dix-neuvième siècle, accompagnant l’exploration coloniale de l’Afrique de l’est, il désigne les expéditions de chasse menées par les Européens. Au-delà du sens originel, le terme s’est chargé d’un imaginaire qui marque les relations entre l’Europe et le continent africain. Un imaginaire trempé de domination et de prédation, celui de l’homme blanc en terre noire. Cette série documentaire (chaque dimanche, jusqu’au 30 août) aborde ainsi le safari comme imaginaire et comme expérience.

Du lundi 27 juillet au vendredi 29 août

Mauriac et la télévision

France Culture, 7 h 55

L’écrivain a publié ses chroniques réservées au petit écran entre 1959 et 1964, dans l’Express puis au Figaro littéraire . Soit presque aux premières heures de la télévision. C’est l’occasion, en 25 chroniques de 5 minutes, de revenir sur la genèse de la petite lucarne, entre le Rouge et le Noir , Cinq colonnes à la Une, Lectures pour tous, Rocambole , Françoise Sagan et Pierre Dumayet.

Du Lundi 3 au vendredi 7 août

Marguerite Duras

France Culture, de 9 h à 12 h 30

Disparue il y a une dizaine d’années, Duras a laissé une centaine de livres, des dizaines de pièces de théâtre et de films. Retour sur l’écrivain, son art poétique, avec beaucoup d’éléments biographiques, plusieurs déplacements en quête de traces (au Cambodge, au Canada, en Suède, au Vietnam) et autant d’archives puisées à l’INA.

Du Lundi 3 au vendredi 29 août

Conversations avec Losey

France Culture, de 13 h 30 à 14 h

Cinéaste, certes, mais Joseph Losey est d’abord un homme de théâtre, créant, en 1947, à Los Angeles, la Vie de Galilée, de Brecht, avant de faire de la radio. Remarqué pour le Garçon aux cheveux verts , il poursuit notamment avec la Grande nuit . Blacklisté par Mc Carthy, réfugié à Londres, il tournera encore Eva, The Servant, Cérémonie secrète, le Messager, Monsieur Klein, Don Giovanni… Enregistrées à la fin des années 1970, ces «  Conversations secrètes » avec Michel Ciment livrent confessions intimes et réflexions sur l’art.

Du lundi 3 au vendredi 29 août

Série télé

France Culture, de 19 h à 19 h 30

Ce programme s’inscrit dans la lignée de celui diffusé l’été dernier et consacré à la série télévisée américaine. Une saison 2 européenne, donc, en 25 numéros, toujours centrée sur cette nouvelle manière de raconter des histoires, qui se déploie aux frontières du documentaire, avec ambiances de plateau, extraits de fictions, interventions de spécialistes, analyses et commentaires. Au programme notamment : les premiers directs de la télé française ; les Monthy Python, Thierry la Fronde, Bourrel, Maigret et Burma…

Du lundi 10 au vendredi 14 août

Vents d’Est

France Culture, de 9 h à 12 h 30

De 1945 à 1989, un montage d’archives concentré sur les événements marquants, de la constitution du bloc de l’Est à l’éclatement de ce dernier. De la conférence de Yalta au pacte de Varsovie, en guise de préambule, avant d’égrener les années charnières : l956, en Hongrie et en Pologne ; le printemps de Prague en 1968 ; l’épopée de Solidarnosc à l’orée des années 1980 ; enfin, l’an 1989, fêtant à sa manière le bicentenaire de la Révolution. Soit plus de quatre décennies d’histoire.

Du lundi 17 au vendredi 21 août

Georges Simenon

France Culture, de 9 h à 12 h 30

À la veille du vingtième anniversaire de sa mort, un large portrait de l’écrivain, bien plus que l’auteur des Maigret, dessiné à travers diverses géographies représentatives de son instabilité physique : Liège, Paris, la France, l’Amérique, la Suisse.

Télévision

Du lundi 27 juillet au vendredi 28 août

Mythologies 80

Arte, 17 h 25

S’inspirant de Barthes, qui analysait dans les années 1950 les nouveaux mythes de son époque, du Tour de France à la DS, une série de courts documentaires (20 numéros de trois  minutes), par Pascal Dupont, qui jette un coup d’œil dans le rétro pour rendre compte en petites touches des années 1980.

Mardi 28 juillet

Scarface

Arte, 22 h 45

Il est assez rare qu’un remake soit à la hauteur de la première version. Celui-ci, tourné par Brian de Palma (1983), sans atteindre l’œuvre d’Howard Hawks (1932), reste une remarquable réussite, poursuivant le mythe du gangster cubain versé dans le trafic de drogue, troquant le noir et blanc pour le chic et choc des couleurs acidulées du disco (propres à sa décennie). De Palma y ajoute son goût pour la violence crue, les outils de son temps (la tronçonneuse) avant d’en finir avec la figure christique de Tony Montana (Al Pacino), écrasé par une orgie de balles, les bras en croix.

Dimanche 2 août

Trois familles en Afrique du Sud

France 5, 14 h 40

Quinze ans après la fin de l’apartheid, Roland Cros propose le portrait croisé de trois familles en Afrique du Sud. À Johannesbourg, issu de la classe moyenne noire, c’est un responsable des ressources humaines de la compagnie électrique nationale, bénéficiant de la politique de discrimination positive qui, instaurée en 1994, encourage les entreprises à employer des Noirs. Dans la région du Freestate, terre d’élevage et de culture céréalière, ce sont des agriculteurs afrikaners inquiets de la redistribution des terres, prévue depuis la présidence de Mandela. Au Cap, au sein de l’ethnie xhossa, c’est une famille vivant chichement, sans espoir de sortie, dans un bidonville, sans eau courante ni électricité, terrassé par la tuberculose et le sida. Des témoignages qui rendent compte des tensions encore vives, des espoirs et des inquiétudes.

Lundi 3 août

La démocratie des moi

Arte, 23 h 25

Giscard jouant de l’accordéon devant la caméra, ça avait de la gueule. Plus tard, c’est Jospin poussant la chansonnette, puis au tour de Villepin de courir à demi-nu le long d’une plage, ou un autre jogging de Sarkozy. Tout ça, c’est de la com. Tandis que la vie privée des politiques a envahi les sphères médiatiques. Mariage, séparation, grossesse, naissance, compassion, intimité. Pêle-mêle confus entre représentativité et proximité. On est loin alors des figures austères d’une République chassant les figures charismatiques. Bernard George revient précisément sur les étapes successives de ces dérives, de la presse à grand tirage au cinéma, jusqu’à la pipolisation actuelle. Mais placer le paquet sur les seuls médias serait un tort. Ce sont aussi les politiques qui ont changé.

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