La gauche presque unie

Le PS ne sera pas représenté par sa Première secrétaire au meeting unitaire contre la réforme
des retraites. Une absence qui témoigne d’une division que ne connaissent pas les jeunes.

Michel Soudais  • 6 mai 2010 abonné·es

Toute la gauche doit se retrouver, jeudi soir, pour un meeting commun sur les retraites. Enfin presque toute la gauche. Car si Cécile Duflot (Verts), Marie-George Buffet (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG), Claire Villiers (FASE), Céline Malaisé (GU) et Olivier Besancenot (NPA) seront bien présents aux côtés de Jean-Marie Haribey (Attac) et Willy Pelletier (Fondation Copernic), les deux puissances invitantes, ainsi qu’Annick Coupé (Solidaires), Jean-Baptiste Prévost (Unef), Anne Féray (FSU) et Jean-Marie Roux (CGT Finances), Martine Aubry sera absente.
En voyage en Chine, où elle doit inaugurer le pavillon de Lille-Métropole à l’exposition universelle de Shanghai, la Première secrétaire du PS n’avait pas prévu de venir. Le PS ne sera représenté que par son secrétaire national chargé des services publics, Razzy Hammadi. Il remplace son ami Benoît Hamon, porte-parole du PS, qui figurait sur le programme initial de ce meeting unitaire, mais dont la participation aurait pu « mettre de l’huile sur le feu » dans la famille socialiste. L’inoxydable Gérard Filoche, qui figure aussi parmi les intervenants de cette réunion, y est annoncé en ­qualité d’inspecteur du travail.

Cette retenue de la direction du PS n’est pas surprenante. Contactée début avril par Attac et la Fondation Copernic pour signer l’appel « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites », texte qui affirme que « le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers » , la rue de Solferino n’avait pas donné suite. Cette pétition avait toutefois été signée par des responsables du courant de Benoît Hamon (Razzy Hammadi, Charlotte Brun, Marianne Louis, Jérôme Guedj, Régis Juanico…), non sans que ce paraphe leur ait été reproché par des membres éminents de la majorité de Martine Aubry.

Tiraillé entre des positions antagonistes, le PS cultive le flou artistique. Son projet de nouveau modèle économique, social et écologique, adopté le 27 avril, s’en tient à quelques lignes rouges communes : consolider le système par répartition, ne pas toucher à l’âge légal du départ à la retraite, maintenir le niveau des pensions et taxer les revenus financiers. Ces ­orientations n’excluent nullement une augmentation de la durée de cotisation en faveur de laquelle se sont déjà prononcés plusieurs responsables socialistes, les plus engagés à défendre cette solution étant François Hollande, Manuels Valls ou Gérard Collomb. Le député de Corrèze a d’ailleurs déconseillé, lundi, à son parti de participer au meeting unitaire du 6 mai, arguant qu’ « on ne peut participer à des réunions que si on est d’accord à la fois sur un constat mais aussi sur des solutions ».
Si le PS réserve les siennes, en attendant de connaître le projet du gouvernement, son cavalier seul n’augure pas une grande détermination à défendre notre système de retraites. Cette frilosité était perceptible dans les manifestations du 1er mai, auxquelles les socialistes participaient pourtant. Les affiches, tracts et autocollants du PCF ou du PG y étaient plus visibles.

Cette division de la gauche, qui passe au sein du PS, n’affecte pas les organisations de jeunesse. Le 29 avril, dix-neuf d’entre elles, couvrant de manière inédite un très large spectre politique et syndical, ont rendu public un appel qui défend la retraite à 60 ans, s’oppose à un allongement de la durée de cotisation et énonce leurs principales exigences (voir encadré). Ces organisations entendent ne pas être les « grands oubliés d’un débat qui [les] concerne tous » et veulent susciter une mobilisation semblable à celle qui s’était développée en 2006 contre le contrat de première embauche. Elles ont prévu de se retrouver le 10 mai pour décider d’ « actions communes » , d’abord pour sensibiliser leurs publics à la réforme du gouvernement avant de passer, après l’été, à une phase de mobilisation plus active. Sans exclure de se joindre aux initiatives que prendront leurs aînés.

Politique
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