Courrier des lecteurs 1106

Politis  • 10 juin 2010 abonné·es

Israël a toujours privilégié la politique du fait accompli. Son arrogance n’a jamais eu d’autre limite que sa formidable puissance militaire. Quand sera levé le blocus scandaleux de Gaza ? Quand cessera l’intolérable impunité d’Israël ?

Younès Benkirane


À propos du débat sur la contre-réforme des retraites, je suis étonné que les défenseurs de cet acquis social ne déconstruisent pas systématiquement le seul et unique argument avancé par les libéraux de tout poil, à savoir « on vit plus longtemps, donc il faut travailler plus longtemps ». Ce discours, répété ad nauseum tant par les initiateurs de ce mauvais coup qu’au café du commerce par celles et ceux qui en seront les victimes, a l’immense mérite, pour les premiers, à la fois de justifier leur forfait antisocial et de préserver l’accaparement par la finance des gains de productivité.
Car il est aisé de balayer cette fausse évidence. Ce n’est pas le nombre d’années travaillées qui détermine le montant de la richesse sociale mais la valeur créée par ce travail. Or, l’augmentation de la productivité de celui-ci, notamment grâce à l’informatique et à Internet, a été phénoménale ces dernières décennies. Il n’est donc nul besoin de faire travailler les actifs plus longtemps pour assurer le financement des retraites.

Bertrand Eberhard, Paris


Les imprimés accompagnant les formulaires de déclaration des revenus nous informent que la loi de finances rectificative votée le 20 janvier 2010 prévoit pour cette année 149 milliards d’euros de déficit pour 270 de recettes. La dette de l’État, voisine de 1 500 milliards, en nécessite 43 pour son remboursement. Oui, lorsque l’État perçoit 100 euros, il en dépense 155, dont 16 pour rembourser sa dette, et fait 55 euros de dette nouvelle. L’an dernier, la loi votée le 4 mars 2009 ne prévoyait que 103 milliards de déficit pour 266 de recettes. Nos gouvernants disent qu’ils ont une gestion maîtrisée, et critiquent celle des régions.

Il semble évident que rogner sur les dépenses ne suffira pas à retrouver l’équilibre et qu’il faudra trouver des ressources nouvelles. Jusqu’ici, les taxes et impôts pénalisent soit le travail (impôts sur le revenu), soit l’épargne (impôts sur les placements), soit la consommation (TVA, Tipp, etc.), et donc la production. La crise financière a mis au jour les conséquences d’une spéculation endiablée, celle qui consiste à faire de l’argent seulement à partir de l’argent, sans rien produire, rien qu’en surfant sur les vagues boursières. Mais aucune mesure financière n’a été prise pour la limiter. Cependant, le 19 mars 2010, le Parlement européen, par 537 voix (83 % des votants) a appelé la Commission européenne à « explorer les moyens de mettre en œuvre une taxe sur les transactions financières internationales ». En France, où  une voix avait déclaré : « Les paradis fiscaux, c’est terminé ! », une voie reste interdite : celle qui consiste à taxer, non les bénéfices, mais les transferts de fonds des société qui spéculent. Il est vrai que les mouvements à la Bourse de Paris avoisinent mille milliards par an, qui, taxés à 1 %, ne rapporteraient que 10 milliards !

Camille Mouroux, Bruz (35)


**Non seulement je signe la pétition de soutien à *Politis contre Claude Allègre, mais je trouve scandaleux que ce monsieur soit sans arrêt invité par les journalistes et les politiques alors qu’il a déclaré publiquement que l’amiante n’était pas dangereux, et a retardé le désamiantage de Jussieu, entre autres. Or, on connaît les dégâts causés par ce matériau, les maladies et les décès qu’il a provoqués.

Martine Chedeville,
Épinay-sur-Seine (93)


Si je soutiens sans réserve les positions de Politis et des auteurs du texte mis en cause par Claude Allègre, […] je pense en revanche qu’un débat public ne serait qu’une tribune de plus à la falsification des idées soutenue par Claude Allègre. Soit il recule et retire sa plainte, ce qui serait un aveu ; soit il poursuit, et il n’y a qu’un tribunal pour juger de ses positions de mystificateur.
Aujourd’hui, les grands débats d’idées sont faussés car la parole n’a plus la même place dans nos sociétés : tout et son contraire peuvent être énoncés et cohabiter dans le même espace de liberté.
Poursuivez votre effort d’information décalée par rapport aux « grands médias », qui tentent de formater notre pensée pour mieux la neutraliser.

Christine Chagneaud


J e viens de passer une quinzaine de jours en Russie, et j’ai découvert avec stupéfaction que des femmes russes faisant office de guides, professeurs d’université, parlant un français recherché et nuancé, cultivées, avaient adopté une religion orthodoxe dure, à la limite de la bigoterie.
Et je tombe, en rentrant, sur cette phrase dans l’édito de Denis Sieffert du n° 1103 de Politis, à propos des rassemblements en tous genres : « Ici comme ailleurs, on ne peut s’empêcher de penser que beaucoup de souffrances sociales se cachent derrière cette quête d’absolu et cette crédulité devant [des] discours aussi rétrogrades. »
Rien à ajouter à cette analyse parfaite, qui me paraît concerner ces universitaires au traitement squelettique, avec des loyers à Saint-Pétersbourg et à Moscou comparables aux loyers parisiens.

Maurice Riondel, Verfeil-sur-Seye (82)


P endant vingt-quatre heures,
après l’attaque de la flottille des humanitaires par l’armée israélienne, j’ai, comme souvent, été encore plus révoltée par ce qui s’en est dit que par ce qui s’y est joué – car on sait que l’armée israélienne bafoue le droit, et personnellement je n’attends rien d’Israël. […]

Tout le monde a unanimement condamné l’assaut (difficile de faire autrement). Mais était-il bien nécessaire d’informer (les médias) et de tancer (les États, les institutions) en qualifiant la « réaction » israélienne de « disproportionnée » , « démesurée » ? Ces termes ont induit une première erreur, l’idée d’une violation du droit de la part des humanitaires, alors qu’ils ne faisaient qu’apporter médicaments, vivres et matériaux de construction, toutes choses qu’en application de la Convention de Genève l’occupant se doit de fournir à ses occupés, alors qu’Israël pratique un blocus systématique depuis bientôt quatre ans.

Par ailleurs, j’étais dégoûtée d’avance par le tour probable qu’allait prendre l’affaire, le détournement du vrai problème avec la focalisation sur l’islam, le Hamas et compagnie, une réaction un peu forte de la Turquie et éventuellement de certains États arabes ayant été envisageable.
Eh bien, non ! Après vingt-quatre heures d’aveuglement, il semble que le bon sens l’ait pour une fois emporté, avec le constat lucide que le seul délit commis par les humanitaires, c’était la volonté de rompre le blocus et que l’assaut israélien était implacablement inacceptable.
Comme quoi, gardons espoir, restons vigilants et continuons à demander l’application du droit, rien que le droit mais tout le droit !

Marie Schwab, Millau (12)

Courrier des lecteurs
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