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Politis  • 24 juin 2010
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Les « crevettes Bigeard » oubliées

La mort du général Marcel Bigeard, dernière figure de nos guerres coloniales, aura une fois de plus été l’occasion d’un concert de louanges : «  Ce très grand soldat » dont la «  carrière exemplaire restera un modèle pour la République » (Sarkozy), un « combattant d’exception » (Fillon), « un personnage profondément attachant » (Alliot-Marie). Il est regrettable qu’aucune autorité n’ait rappelé que le général avait donné son nom à une nouvelle espèce de crevettes, lors de bataille d’Alger. D’autant que, par la suite, les dictatures du Chili et d’Argentine ont adopté cette manière bien de chez nous de se débarrasser des « terroristes » en les précipitant en mer, lestés, depuis un hélico.

Le sang de la Défense

Les marchands de canons peuvent être lyriques. En témoigne cet édito de la brochure du salon de l’armement des armées de terre Eurosatory, qui se tenait la semaine dernière au parc des expositions de Villepinte : «  De la paire de chaussettes à l’obusier le plus puissant, du sac de portage au drone tactique, les vallées de Kapisa et les plaines du Registan s’affichent en arrière-plan des brochures, et il flotte dans les allées comme une odeur d’Asie Centrale… » Mais le meilleur est à venir : « L’expérience chèrement acquise sur le terrain irrigue [sic] très largement l’industrie de la Défense […]. Un puissant aiguillon qui pourrait être regretté si les Occidentaux devaient se désengager de l’Afghanistan… » Pour l’heure, ce sont surtout 44 soldats français, dont le sang irrigue à tout jamais l’industrie de la Défense, qui sont regrettés par leur famille.

BHL démenti par Israël

Rappelez-vous. Tenant tribune dans Libé du 7 juin, l’inénarrable BHL prétendait que le blocus était une invention des Gazaouis puisqu’en réalité (la réalité selon BHL) Israël ne bloquait «  que les armes et les matériaux pour en fabriquer » (voir l’édito de Denis Sieffert dans Politis n° 1106). Or, voilà qu’Israël annonce qu’il va desserrer le blocus pour laisser passer « tous les biens ne figurant pas sur une liste de produits interdits comprenant les armes et tout matériel susceptible d’utilisation à des fins militaires ». De deux choses l’une : soit, le 7 juin, BHL a prédit l’avenir, soit il a menti.

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
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