Jean-Luc & Mélenchon

Sébastien Fontenelle  • 18 novembre 2010 abonné·es

Comme je disais l’autre jour chez Mimi, où j’aime aller boire des coups, le problème, avec le big boss du Parti de gauche, c’est qu’on sait jamais qui est là : on sait jamais si c’est le bon Jean-Luc, ou si c’est plutôt le moins funky Mélenchon – qui, perso, me fait quelquefois bien flipper. Par exemple, si t’as récemment battu le pavé parisien pour manifester du soutien aux Palestinien(ne)s occupé(e)s, t’as dû croiser Jean-Luc, et t’as dû penser que c’était bien cool de sa part d’être là (pendant que Bertrand D., manager de Paris, procédait quant à lui à l’inauguration de l’esplanade Ben-Gourion).

Mais, problème : durant que Jean-Luc défilait, Mélenchon rédigeait de son côté d’atroces [^2] billets de blog d’où ressortait grosso merdo que les progressistes mecs de l’Armée populaire de libération (Zhongguó Rénmín Jiefàng Jun ) étaient quand même bien gentils d’avoir enfin sorti les ingrats moines du reculé Tibet de leurs lamasseries – aaaaattends, Bonzo, on t’a construit une jolie route, on t’a même trouvé un panchen, et tu ouvres ta petite gueule ?

De sorte qu’on a quelque(s) difficulté(s) à bien distinguer le Jean-Luc anticolonialiste des manifs propalestiniennes du Mélenchon qui chante le rôle positif de la colonisation des monts d’Embouddhistan.

Itou : lorsque Jean-Luc, découvrant sur le tard les nouveaux chiens de garde, crie soudain que les journalistes sont des larbins de la dominance, on a l’irrésistible envie de lui poser aux joues de gros bisous baveux – genre tope-là, mon gars, welcome chez Acrimed. Mais voilà que dans le même temps Mélenchon fait avec Drucker, non moins qu’avec Ruquier, de saliveux salamalecs – que se vayan pas tout de suite, je me sens si bien avec eux – et le voilà même qui décerne à Zemmour un brevet de (ris pas) « brillant intellectuel » .

En sorte qu’on ne sait plus très bien qui l’emportera finalement, du Jean-Luc hérissé qui somme un journaleux d’en bas de fermer sa « petite bouche », ou de l’avenant Mélenchon qui flatte sans trop se brider les puissants de l’entertainment .

Résultat : quand le docteur Jean-Luc rédige une ordonnance requérant maints « socialistes » de s’en aller todos , on a bien sûr envie de lui offrir une cerveza et de lui taper dans l’dos en l’appelant Hugo Mélenchez – et on peut même envisager (j’en sais qui en sont là) de lui donner un vote, à la prochaine présidentielle. Mais on se prend à redouter qu’au soir du premier tour Mélenchon, rappliquant, n’appelle (cela s’est vu) à voter quand même pour les « socialistes » qui ne s’en seraient pas (encore) todos allés – alors ce qui serait bien, ça serait que d’ici là Jean-Luc Mélenchon fasse sa réunification.

[^2]: Pour dire le moins.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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