La sécurité, un luxe ?

À Dijon, l’incendie mortel d’un foyer relance le débat autour des normes de sécurité.

Monica Lanzoni  • 25 novembre 2010 abonné·es

Provoqué par deux cousins de 18 et 19 ans, l’incendie d’une résidence pour travailleurs immigrés du quartier de la Fontaine d’Ouche, le 14 novembre à Dijon, met en lumière les infractions manifestes de ces bâtiments aux normes de sécurité. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, estimait d’ailleurs le 16 novembre, devant l’Assemblée nationale, qu’ « il faut examiner s’il doit y avoir une évolution des normes  ».

En cause, la rapidité avec laquelle le feu s’est propagé dans les neuf étages, provoquant la mort de 7 des 141 occupants du foyer présents au moment de l’incendie. Local poubelle trop proche de l’immeuble, forme du bâtiment, matériaux d’isolation thermique extérieurs plus ou moins inflammables (l’enquête le dira), absence d’escaliers extérieurs : une combinaison de facteurs qui expliquerait l’étendue des dégâts. La société Adoma (l’ex-Sonacotra), qui gère l’immeuble, s’est empressée d’apporter des garanties sur le respect des normes de sécurité. De fait, la résidence était bien équipée de détecteurs de fumée, de portes coupe-feu et d’une alarme incendie efficiente.

Dans un communiqué publié avant les aveux des incendiaires, Droit au logement (DAL) rappelle « l’affaiblissement des moyens publics mis en œuvre pour loger les migrants et les populations précaires » . Pour l’association, cette « carence grave […] crée des conditions de réhabilitation et d’entretien du patrimoine social et d’hébergement insuffisantes » .

De son côté, Adoma dit avoir investi 1,2 million d’euros depuis 2005 dans « des travaux d’entretien et de mise en sécurité sur le foyer » . Plus généralement, le DAL réclame la mobilisation des fonds nécessaires « à la réhabilitation et à l’entretien des foyers de migrants et de jeunes travailleurs » et « la mise en œuvre du droit au logement pour tous » . En France, 3,5 millions de personnes souffrent toujours du mal-logement, selon la Fondation Abbé-Pierre, qui lance une campagne intitulée « Carton rouge contre le mal-logement ».

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