La France, terre d’écueil pour les Roms

Le collectif Romeurope et une association roumaine de passage à Paris ont dressé un bilan préoccupant de la situation des Roms en France. Ils dénoncent une politique injuste et discriminatoire.

Monica Lanzoni  • 2 décembre 2010
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Lors d’une conférence de presse organisée le 25 novembre au siège du CCFD-Terre solidaire, à Paris, les associations du collectif Romeurope ont vivement contesté la politique répressive de la France envers les Roms.

Marian Mandache, de l’association roumaine Romani Criss, actuellement en France pour enquêter sur la situation des Roms dans notre pays, dénonce une politique de discrimination. Après avoir vu leurs camps détruits, les Roms ciblés par la police sont menacés d’emprisonnement : ils sont alors « invités » à signer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), souvent sans l’aide d’un traducteur. Un procédé illégal qui n’empêche en rien l’expulsion. L’aspect « volontaire » du retour est bien loin…

Au cours de ses visites de communautés roms, Marian Mandache a constaté divers problèmes liés par exemple à la scolarisation ou à la recherche d’emploi. Si le droit à l’éducation est théoriquement garanti sans preuve de domicile fixe, l’État français exige une adresse pour scolariser les enfants. De nombreux gamins n’ont ainsi pas accès à l’éducation. Tout aussi préoccupante est la recherche d’emploi : « Les Roms cherchent un travail qui ne requiert pas de formation spécifique, par exemple dans l’agriculture, mais les employeurs leur demandent un diplôme » , explique Marian Mandache. Pour Romani Criss, la politique française envers les Roms est injuste : d’une part, une répression forte et ciblée, d’autre part, une aide de l’État limitée ou inexistante, « interdisant ainsi le rêve européen » .

« La surveillance des ONG vis-à-vis des abus est constante » , souligne Michèle Mezard, membre du comité technique du collectif Romeurope. En France, les Roms sont confrontés à une négation des droits dont tous les autres citoyens européens bénéficient.

Un tel niveau de répression envers un groupe ethnique spécifique n’existe pas seulement en France ; l’Italie, depuis 2007, est dans la même logique. Mais, avec la médiatisation des expulsions et la stigmatisation des Roms par le gouvernement, la France commence à devenir le « porte-drapeau » de cette tendance au tout-répressif, après deux siècles de politique d’intégration. La solution ne saurait être trouvée à Bruxelles ou en Roumanie. Pour les associations présentes au CCFD, c’est à la France, qui héberge environ 15 000 Roms, de s’occuper de leur intégration.

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