Lu, vu, entendu

Politis  • 24 mars 2011
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LU

En cas de crise nucléaire, il ne faut pas trop compter sur l’Organisation mondiale de la santé. Depuis la perte de contrôle des 3 réacteurs de Fukushima, l’OMS « est restée étonnamment discrète, se contentant de relayer les informations fournies par le gouvernement » , constate une journaliste du Monde le 19 mars. Dans un question-réponse sur les risques sanitaires au Japon, l’OMS explique que « les mesures proposées par les autorités japonaises sont conformes aux recommandations existantes » pour ensuite préciser que tout cela est en fait presque normal : « L’homme est quotidiennement exposé au rayonnement naturel. » Côté radiations, pas de vraies raisons de s’inquiéter donc puisque les principaux concernés sont « les secouristes et les employés des centrales nucléaires » . En 2005, un rapport conjoint de l’OMS et de l’Agence internationale de l’énergie atomique livrait leur bilan de la catastrophe de Tchernobyl : une cinquantaine de décès. Moins menaçant qu’un oiseau migrateur porteur du virus H1N1…

VU

Un élégant Rafale décollant du Charles-de-Gaulle, « fleuron » de la flotte, un puissant Mirage 2000, chargé à bloc, s’envolant de Corse, des pilotes enfilant leur combinaison kaki avant de filer au briefing, casque gris métallisé sous le bras… Telles sont les images de guerre aseptisée que propose le ministère de la Défense, et qu’utilisent en boucle les JT pour annoncer le début de l’opération « Harmattan » . De l’autre côté de la Méditerranée, au point d’impact des missiles, « c’est un véritable champ de foire » , « un vrai jeu de massacre » , décrit Christophe Ayad, le reporter de Libération . « Des dizaines et des dizaines de corps de soldats gisent là, morts dans l’instant, certains presque des enfants dans leur treillis trop grand. Ils ont été foudroyés par les Rafale français entre 5 h et 7 h du matin. » L’International Herald Tribune parle de « carnage » . Côté état-major, on ne reconnaît que la destruction de 4 blindés. La guerre de l’info et des images a elle aussi commencé.

ENTENDU

Surlendemain d’élection sur RTL, Jean-Michel Aphatie reçoit Marine Le Pen. Bizarrement, le programme du FN n’inspire aucune question à l’interviewer matinal. Ni sur l’économie, ni sur la préférence nationale, ce masque du racisme. Il préfère envoyer le son d’une auditrice de la station censé montrer que le vote FN n’est « pas un vote d’adhésion »  : « On peut élire ces gens du FN sans aucun risque, dit la dame, puisque les conseillers généraux vont être obsolètes en 2013 [sic]. » Dans le poste, on perçoit le sourire de Mme Le Pen, ravie de ces arguments servis sur un plateau. Puis c’est au tour de Dany Boon, « le Ch’ti le plus populaire de France » , de faire l’objet d’une citation sonore : « C’est un parti d’extrême droite, donc il ne faut pas voter pour un parti d’extrême droite. » « Un politologue très connu » , ironise la cheffe du FN, qui reviendra. Ils sont si gentils sur RTL.

Les échos
Temps de lecture : 3 minutes
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