Chatel se convertit au pass contraception

Jeanne Portal  • 16 juin 2011 abonné·es

Luc Chatel fustigeait le « Pass contraception » initié par Ségolène Royal en Poitou-Charentes fin 2009. Aujourd’hui, le ministre de l’Éducation nationale soutient le « Pass santé contraception ». Un projet similaire lancé par Jean-Paul Huchon en Île-de-France le 26 avril. Décrié hier, félicité aujourd’hui, ce système permet aux lycéens d’avoir accès à tous les contraceptifs (préservatifs masculin et féminin, pilule, patch, etc.) gratuitement et de manière anonyme. Sera-t-il bientôt disponible dans tous les lycées ? Luc Chatel souhaite que l’expérience francilienne soit évaluée dès la fin de l’année. Il se dit prêt « à reproduire ce partenariat avec les Régions », si c’est « dans une démarche globale à vocation éducative ». En attendant, il cherche à distinguer cette opération de celle lancée par Ségolène Royal dans sa Région. Mais les différences ne sont pas flagrantes. À ceci près qu’en Poitou-Charentes le « pass contraception » n’est, pour l’heure, disponible que dans les cabinets médicaux, et non dans les lycées puisque Luc Chatel l’avait interdit. 
À ce jour, donc, seuls les établissements d’Île-de-France sont concernés. La Région a envoyé 6 202 « Pass santé contraception » à 470 lycées publics, 213 lycées privés et 246 lycées techniques. Non seulement le ministre a changé de cap, mais il a trouvé un moyen de se réapproprier le projet initial.


Le pass de Ségolène Royal était un projet « tout-pilule », répète Luc Chatel, reprenant des regrets déjà formulés par des professionnels de santé. Le « Pass contraception » francilien comprend six coupons qui donnent accès à deux consultations médicales, à des examens biologiques, à la délivrance et au renouvellement de contraceptifs. Il permet une palette plus large de contraceptifs, insiste Luc Chatel. Ce que demandait le Planning familial. 


Ancienne ou nouvelle formule, le pass permet surtout de s’affranchir de l’autorité parentale. Si la loi du 4 juillet 2001 autorise une mineure à aller voir un médecin de manière anonyme pour obtenir un contraceptif, reste à sa charge le coût de la consultation et du médicament, et le remboursement est renvoyé sur la Sécurité sociale des parents. « La pilule normale, les adolescentes n’y ont droit que si leurs parents sont informés et d’accord ! », rappelle le professeur Israël Nisand, chef du pôle de gynécologie obstétrique du CHU de Strasbourg. 


« Nous avons affaire à des élèves mineurs. L’autorité parentale est quelque chose qui compte », défendait Luc Chatel début 2010. Depuis, diverses études sur l’état catastrophique de la contraception en France semblent avoir eu raison de ses réticences. En octobre 2010, la Délégation aux droits des femmes a chargé Bérengère Poletti, députée UMP des Ardennes, d’un rapport d’information sur la contraception des mineurs. Publié le 17 mai 2011, ce texte prône justement un accès anonyme et gratuit à la contraception pour les mineurs. Quand la droite finit par tomber d’accord avec le PS, sans vouloir l’avouer…

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