Sur tous les fronts

Alain Juppé plaide pour une conférence sur le Proche-Orient, sans oublier la Syrie et la Libye.

Denis Sieffert  • 9 juin 2011 abonné·es

Assurément, la diplomatie française a repris quelques couleurs et un peu de dignité. Ce n’était pas du luxe après l’ectoplasme Kouchner et les mésaventures tunisiennes de Michèle Alliot-Marie. Pour autant, l’efficacité n’est pas garantie sur les trois fronts sur lesquels la France est en pointe : le Proche-Orient, la Syrie et la Libye. Sur le premier dossier, Alain Juppé (à qui certains dirigeants palestiniens donnent acte de « convictions » qui ne sont certainement pas celles de Nicolas Sarkozy) tente de promouvoir une conférence de paix à Paris avant septembre. Une idée qui se heurte au scepticisme américain. Et ne manquera pas de se heurter à l’obstruction israélienne. Alain Juppé a d’ailleurs bien pressenti les arguments américano-israéliens : « Il y a un point de désaccord, a-t-il analysé, c’est l’interprétation que nous donnons à la réconciliation interpalestinienne […]. Nous pensons qu’il faut favoriser tout ce qui peut faire évoluer le Hamas. » Avant de conclure sans ambiguïté : « Je ne suis pas sûr qu’il y ait un avenir à long terme pour Israël dans cette espèce de fuite en avant sécuritaire. »


À propos de la Syrie, Alain Juppé tente de faire adopter une résolution des Nations unies condamnant la violence de la répression. Le projet exigerait que la Syrie ouvre ses frontières à des équipes humanitaires. Il semble que ce soit déjà trop pour la Russie.

S’agissant de la Libye, nous sommes à présent dans une interprétation plus qu’abusive de la résolution 1973 des Nations unies, qui autorisait une intervention pour la « protection des populations civiles ». Le massacre prévisible des habitants de Benghazi a été évité (voir Politis n° 1145). Et on ne peut que s’en féliciter. Mais, depuis, c’est l’engrenage prévisible. Et, samedi, l’engagement d’hélicoptères de combat français et britanniques nous a rapprochés d’une intervention au sol. Or, depuis plusieurs semaines déjà, l’affaiblissement du clan Kadhafi aurait dû permettre la recherche d’une issue politique. Celle-ci se trame peut-être, mais cette fois sans la France. Le chef de la diplomatie libyenne s’est rendu mardi en Chine, où il devait rencontrer des représentants du Conseil national de transition.

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