« Eva Joly, le peuple est avec elle ! »

La démission du porte-parole d’Eva Joly, Yannick Jadot, ce 23 novembre, suite aux propos de la candidate sur François Hollande, a ouvert le débat sur sa légitimité à représenter Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle. Rencontre avec la jeune garde rapprochée de la candidate, convaincue qu’elle sera la grande gagnante de « l’affaire ».

Pauline Graulle  • 23 novembre 2011
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« Eva Joly, le peuple est avec elle ! »
© JOEL SAGET / AFP

Eva Joly est-elle à même de représenter, en mai prochain, un parti duquel elle a clairement pris ses distances ? C’est la question qui a fait le « buzz » ce matin, après que la candidate a entretenu le flou sur ses relations avec le PS alors même que son parti vient de signer un accord en vue des législatives de 2012.

Votera-t-elle, ou non, pour François Hollande au deuxième tour de l’élection présidentielle ? Dans un premier temps, Eva Joly a esquivé la question, hier au 20 heures de France 2. Elle a également refusé de répondre sur RTL ce matin. Quelques jours après les vives critiques formulées par la candidate sur l’accord entériné ce week-end entre EELV et le PS, qu’elle accuse d’avoir été « en bois de marionnette » face à Areva, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… Et fait vaciller l’unité du parti.

Le porte-parole d’Eva Joly, Yannick Jadot, annonçait sur son compte Twitter ce mardi 23 novembre au matin qu’il quittait son poste. Quelques minutes plus tard, c’était au tour de Noël Mamère de se désolidariser : « Si Eva Joly ne dit pas maintenant qu’elle soutiendra François Hollande au second tour, elle fera campagne sans moi » . Quant à l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, il estimait au même moment sur France Info que « pour l’instant, Eva Joly fait les mauvais choix politiques » .

« Rentrer dans le moule médiatique »

Du côté des proches de la candidate, on minimise. « Tout ça, c’est de l’écume » , souligne Julien Bayou, conseiller régional EELV et membre du « premier cercle ». « En tant que candidate au même poste, il était légitime qu’elle ne réponde pas à la question sur François Hollande , plaide Elise Aubry, chargée de l’animation, de la mobilisation, et des réseaux sociaux pour la campagne d’Eva Joly. Et puis franchement, son soutien à Hollande va tellement de soi qu’elle n’avait pas besoin de le dire » .

Finalement, dans le souci de calmer les esprits, la candidate a pourtant jugé bon de déclarer à l’AFP, quelques heures après le début de la polémique, qu’elle appellerait à voter Hollande. Rien à voir avec une reculade, selon Elise Aubry qui concède : « C’est une femme qui vient de la société civile, pas une femme d’appareil. Elle a une manière de communiquer qu’elle doit un peu travailler pour renter dans le moule des médias ». Sur le fond, « Eva Joly pense à raison que l’accord entre le PS et EELV, c’est de la tambouille électorale , ajoute Julien Bayou. Le problème c’est qu’on a fait passer un accord technique, fait pour battre Sarkozy et construire un groupe à l’Assemblée nationale, comme un accord programmatique ! Et d’ailleurs , assure-t-il, si on fait un bon score [au 1er tour] *, on reverra l’accord »* .

Une « bonne chose »

De toute façon, pour ses soutiens, la candidate, qui fait une entrée remarquée en ce début de campagne, ne peut que ressortir gagnante de « l’affaire ». « Eva a une force incontestable : avoir été largement élue à la primaire qui a rassemblé 32 000 électeurs » , rappelle Julien Bayou. « Les militants de base et le peuple écologiste la soutiennent fortement » , estime Elise Aubry qui assure avoir vu passer sur les réseaux sociaux les messages de sympathisants socialistes décidés à voter pour Eva Joly tant elle fait preuve d’intégrité à leurs yeux. Voir aussi le « tweet » de l’ancien candidat à la primaire EELV et ancien porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme :  «  Démission de # Jadot *: une bonne chose pour Eva* # Joly *. Il faut empêcher les notables (* # Duflot *, Jadot) de torpiller Eva »* . Suite au prochain épisode.

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