Femmes et enfants à la rue

Ingrid Merckx  • 10 novembre 2011 abonné·es

Les professionnels de l’urgence sociale tiraient la sonnette d’alarme depuis des mois. Aujourd’hui, ils appellent au secours. 3,5 millions de mal-logés, plus de 700 000 personnes sans domicile personnel. Parmi eux, de plus en plus de femmes et d’enfants. Un enfant sur 10 rencontrés par Médecins du monde vit dans la rue. Dix nouvelles familles rencontrent le Samu social de Paris chaque jour alors qu’il ne décroche que 10 % des appels. 36 % des 18-25 ans vivent dans un « substitut de logement », d’après le Secours catholique.

Moins de places d’hébergement, plus de monde au portillon : « Tous les filets sociaux craquent ! », alerte un collectif qui réunit le Collectif des associations unies contre le mal-logement (33 organisations), le DAL, le collectif Urgence un toit, la coordination nationale des professionnels de l’urgence sociale… Soit 66 organisations qui appellent à participer à la mobilisation « 24 heures pour le logement » le 10 novembre à Paris, Lyon, Strasbourg, Toulouse…
« De plus en plus de personnes en situation régulière et salariées ne peuvent plus se loger » , a témoigné un membre de l’union syndicale Solidaires lors d’une conférence de presse le 7 novembre à Paris.

Le secrétaire d’État au Logement, Benoist Apparu, répond par le déni : « Pas d’enfant à la rue, a-t-il déclaré en juin, en pleine crise du Samu social ! », s’offusque Maeva Espinas, ex-salarié du 115. Tout pour le logement (de ceux qui y ont accès), en rognant sur l’hébergement. « L’État veut aggraver les tensions sociales, c’est la raison de son inaction ! » , diagnostique Jean-Baptiste Eyraud, du DAL.

Pas toutes sur la même ligne, les 66 organisations s’accordent sur l’essentiel : mettre à l’abri. Ce qui passe par le respect des lois SRU et Dalo, auxquelles l’État contrevient ; l’interdiction des expulsions sans relogement ; la réquisition d’immeubles vacants, publics et privés. « On pourrait héberger plus de 5 000 personnes dans l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, qui est vide et chauffé, a proposé Jean-Baptiste Eyraud, et combien dans cette caserne vide de la Courneuve ? » , ville où un campement a justement été évacué violemment le 7 novembre.

« Cette politique inhumaine est aussi un mauvais calcul, a ajouté Nathalie Rouxel, du 115 Val-d’Oise, les enfants qui grandissent dans la rue aujourd’hui, comment seront-ils dans dix ans ? »

Société
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