Humiliation quotidienne

La délégation nationale du Parti de gauche rentre
d’une mission en Israël et en Palestine. Impressions.

Catherine Guillaume  et  Laurence Pache  • 10 novembre 2011 abonné·es

En Israël, nous avons rencontré le Parti communiste israélien, la coalition Women for peace, les Anarchistes contre le mur et les « Protests », que l’on appelle en France les Indignés.

Pour Dov Khenin, l’un des quatre députés du PC, il y a « urgence politique », la région se trouve « au bord d’un embrasement militaire […] c ar le gouvernement israélien continue à bloquer toutes les perspectives pacifiques dans le cadre d’une solution à “deux États” […] ».

En Palestine, nous avons rencontré Salam Fayyad, le Premier ministre, auquel nous avons remis une lettre de Jean-Luc Mélenchon, Nemer Hammad, le conseiller politique de Mahmoud Abbas, Salem Al Za’noon, le président du Conseil national palestinien, qui représente tous les Palestiniens, ceux des territoires occupés mais aussi les 4 millions de réfugiés. Ils nous ont dit les espoirs placés dans la demande d’adhésion à l’ONU, malgré le probable veto des États-Unis. Et leurs efforts pour développer l’économie palestinienne (8 % de taux de croissance en 2010), en dépit des difficultés liées à l’occupation.

Nous avons aussi rencontré Mustapha Barghouti, du parti de gauche Initiative nationale palestinienne […]. Nous approuvons sa volonté de ne pas passer d’une économie sous domination israélienne à une économie de consommation libérale […].

Lors de nos visites sur le terrain, nous avons ressenti physiquement la violence de l’occupation, l’humiliation quotidienne du mur. Dans le gouvernorat d’Hébron, où habitent 700 000 Palestiniens, l’armée est omniprésente, ainsi que les check-points (102 en ville), pour protéger 400 colons militants du Grand Israël, qui occupent les étages élevés des immeubles et jettent sur les Palestiniens pavés et détritus […]. L’armée bloque les rues permettant d’accéder à l’entrée de la colonie. Les boutiques y ont été fermées du jour au lendemain […]. Des militants d’ONG israéliennes veillent pour protéger des colons et des soldats les enfants se rendant à l’école.

À Bethléem, s’élève le mur, ou plutôt les murs. Ils sont partout, encerclant des villages ou les coupant en deux, séparant les paysans de leurs champs, et les projets de prolongement sont clairs : il s’agit d’empêcher l’accès aux ressources naturelles, notamment l’eau, de réduire le territoire utilisé par les Palestiniens à 13 % du district. Pour les obliger à partir. Même violence à Sheikh Jarrah, ce quartier de Jérusalem que le gouvernement israélien a décidé de coloniser.

Après la manifestation unitaire – regroupant Palestiniens, Israéliens et internationaux, dont plusieurs groupes de l’AFPS –, nous nous sommes rendus auprès de deux familles palestiniennes, l’une expulsée de sa maison, l’autre à moitié seulement, les colons occupant les pièces de devant.
Nous avons passé cette soirée avec Denise et Hassan, les parents de Salah Hamouri, qui attendaient la libération de leur fils pour le 28 novembre. Ils ne savaient pas encore que l’administration pénitentiaire israélienne déciderait, dans l’arbitraire le plus total, de prolonger sa détention de six mois.

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