Dexia à l’heure des comptes

Un collectif demande une enquête sur la faillite de la banque franco-belge.

Thierry Brun  • 8 mars 2012 abonnés

L’argent public servira bien à éponger une partie du fiasco Dexia, banque franco-belge en faillite après ses errements dans le monde de la finance dérégulée. C’est ce qui ressort d’un accord conclu en février entre la Banque postale, la Caisse des dépôts (CDC) et l’État pour restructurer le groupe Dexia, dénonce le collectif « Pour un pôle public financier au service des droits ! » , qui regroupe une trentaine de syndicats et d’associations.

Celui-ci demande qu’une commission d’enquête parlementaire se penche « dans les plus brefs délais » sur les causes et les conséquences de la chute du groupe, qui a présenté la plus grosse perte jamais enregistrée par une banque française, soit 11,6 milliards d’euros en 2011. Le collectif veut que « toutes les leçons soient tirées de cette catastrophe financière qui dépasse par son ampleur celle du Crédit lyonnais et met une fois encore la collectivité à contribution » .

La France et la Belgique se sont entendues en octobre 2011 pour procéder à la restructuration du groupe et ont alors décidé de garantir le financement de la banque à hauteur de 90 milliards d’euros, dont 36,5 milliards à la charge de la France. De leur côté, la Banque postale, la CDC et le gouvernement sont parvenus à un accord pour créer une nouvelle société qui sera détenue par la CDC, Dexia Crédit local (filiale à 100 % de Dexia) et l’État français. Cette société dite de « moyens   » gérera Dexia Municipal Agency (Dexma), qui héberge 77 milliards de prêts dans lesquels ont été identifiés 10 milliards de crédits « toxiques » touchant plus de 1 000 collectivités.

Pour le collectif, la contribution de l’État sera très lourde en 2012 : au-delà de la garantie de 36,5 milliards « apportée par l’État français, la CDC va devoir s’endetter pour apporter 11,5 milliards d’euros à Dexma [et] pallier ses besoins de liquidités immédiats » .

En clair, la CDC devra emprunter sur les marchés financiers, ou puiser dans les fonds d’épargne comme le Livret A. La note promet d’être salée, d’autant plus que « le montage qui est proposé pour la partie financement des collectivités locales et autres secteurs publics [notamment les hôpitaux] ne garantit pas suffisamment que les mêmes problèmes ne ressurgissent pas ».

Le collectif déplore aussi le manque de « contrôle public et démocratique de la structure, qui sera gérée en petit comité entre l’État, la CDC et la Banque postale ».

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