À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 5 avril 2012
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Celui qui a déclaré il y a peu qu’il était « plus Rolling Stones que Beatle » (sans « s » , sic…) est arrivé dans ses habits de modeste sur la scène du Bataclan, ce lundi 2 avril, où le Front de gauche présentait son programme culturel, au titre lyrique : « Quelle humanité voulons-nous être ? » Parler culture n’est pas son fort, a d’emblée fait comprendre Jean-Luc Mélenchon – puisqu’il s’agit de lui. D’autant, a-t-il ajouté, qu’il prenait la parole après plusieurs acteurs de la culture ou élus versés dans cette matière, plus compétents que lui.

Qu’à cela ne tienne. Il était là pour ça, et un Mélenchon ne se dégonfle pas. Après un accueil de star, le voilà lancé, à la hussarde. Où il fut question d’amour, de fraternité, de l’activité humaine habitée par l’art, mais aussi de la précarisation des créateurs, du formatage de l’Homme, de la marchandisation et donc de la nécessaire subversion de la culture dominante… Bref, ça flamboyait (même modestement), et tranchait une fois encore avec le minimalisme hollandais.

Expérimentant ses limites, Mélenchon s’est raccroché aux branches de la rhétorique pour corriger une déclaration pas très heureuse prétendant que nous serions « tous des artistes » . Mais l’homme eut aussi des audaces pertinentes, en particulier sur les contenus (et pas seulement sur les moyens) auxquels il faudra, dit-il, de nouveau réfléchir.

Le public, nombreux et divers, était nourri, ravi, conquis. Partagé entre la soif de propos sérieux et la joie de se retrouver ensemble, l’envie de fêter ça. Avant l’arrivée du fan autoproclamé des Stones, un moment avait symbolisé cette double aspiration. Alors que l’éditrice Marion Mazauric venait de décrire toutes les difficultés économiques pour faire partager les plaisirs du livre, Sanseverino débarqua sur scène avec ces mots : « La culture, c’est aussi pour
se fendre la gueule, non ? »
.

Dont acte.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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