Ces dossiers mis au frigo

Avez-vous remarqué comment la dette a subitement disparu des discours ? Il y a quelques semaines encore, le gouvernement assommait les Français avec le chiffre de notre endettement public, prétexte à toutes les austérités. Nicolas Sarkozy est entré en campagne, et ce spectre a été mis – temporairement – au frigo, vraisemblablement pour permettre au candidat de promettre ce que le Président jugeait financièrement impossible. Aux oubliettes également, l’épineux dossier des retraites en dépit de nouveaux rendez-vous programmés par la droite comme par le PS dans le courant du prochain quinquennat. Silence aussi sur le financement de la dépendance, que Nicolas Sarkozy s’était engagé à régler fin 2011. On pourrait allonger ainsi la liste des sujets occultés dont l’importance est sans commune mesure avec le mode d’abattage des animaux de boucherie, qui a focalisé les débats deux semaines durant. Dans les pages qui suivent, nous braquons les projecteurs sur six d’entre eux : l’écologie, la santé, les banlieues, l’agriculture, l’Europe et les questions internationales.

On nous objectera que les candidats les évoquent… De fait, et à condition de s’armer d’une loupe, on dénichera bien quelques lignes sur l’écologie dans les programmes de François Hollande, de François Bayrou, de Marine Le Pen ou dans celui de l’UMP – auquel on s’est reporté en attendant que Nicolas Sarkozy dévoile le sien. Néanmoins, cette relégation est précisément une méthode d’occultation courante. La mise en scène de faux débats en est une autre, dans laquelle les médias ont une responsabilité particulière mais pas exclusive.
Les raisons qui poussent les candidats à ne pas s’appesantir sur certains sujets sont diverses. Toutefois, que ce soit pour ne pas contrarier des intérêts catégoriels ou financiers, ou par crainte de perdre des électeurs, ou encore pour masquer une similitude de vue avec ses principaux concurrents, ces motivations sont essentiellement politiques. En creux, elles nous renseignent sur les uns et les autres au moins autant que ce qu’ils disent.