Joly, de chute en chute

En cette fin de campagne, rien n’indique que la candidate pourrait redresser un peu la barre. Son équipe balance entre maigres espoirs et fatalisme.

Patrick Piro  • 5 avril 2012 abonné·es

Les railleurs auront vu un symbole ou un acte manqué dans la chute d’Eva Joly, dimanche dernier à la sortie d’un cinéma. L’accident, qui lui a valu près de 24 heures d’hospitalisation, aura une incidence concrète sur sa fin de campagne : c’est mardi et mercredi dernier que la candidate d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), dont le visage reste marqué par le choc, devait enregistrer ses spots télévisuels pour la campagne officielle.

Il ne reste plus que deux semaines et demie à Eva Joly pour tenter de redresser un peu la barre (certains sondages la créditent de 1 % des intentions de vote). Les cadres écologistes en sont réduits à ressasser leurs analyses sur les handicaps qu’ils ont dû affronter lors de cette campagne présidentielle : escamotage de l’écologie dans les débats, « étrangeté » de leur candidate (selon ses propres mots) au sein du sérail des concurrents, tentation du vote utile…

Patrick Farbiaz, conseiller politique de la candidate, énumère les trois « espoirs » possibles d’ici au 22 avril : l’identification d’Eva Joly comme seule représentante de ­l’écologie, une bonne participation électorale, et le maintien de François Hollande à un niveau suffisant pour estomper le risque de sa non-qualification au second tour.

Deux au moins de ces circonstances potentiellement favorables ne se dessinent pas actuellement. Eva Joly doit de plus affronter Jean-Luc Mélenchon, qui se revendique désormais comme candidat de l’écologie. Une « escroquerie », « un gosplan soviétique, même verdi », selon l’eurodéputé EELV Yannick Jadot. Tout le monde n’est pas d’accord, au sein du parti, avec une tactique agressive : « Dans les derniers jours, les Français attendent que les candidats affirment leurs positions, pas qu’ils tapent sur la concurrence », estime Patrick Farbiaz.

Porte-parole d’Eva Joly, Dominique Voynet estime que la candidate doit coûte que coûte continuer à porter le débat sur l’écologie. « Les graines que l’on sème aujourd’hui vont germer plus tard. Cette majorité de Français qui s’affirme contre le nucléaire ne s’est pas dissoute du jour au lendemain ; je croise tous les jours de gens effarés par la pollution de l’air ou l’exceptionnelle sécheresse que nous vivons… »
Concernant la mobilisation des électeurs, elle s’annonce faible pour le premier tour : l’abstention semble prospérer sur le sentiment que les deux participants au second tour sont déjà connus.

Enfin, la campagne de François Hollande connaît actuellement un temps faible. Le candidat socialiste, qui menace d’être devancé au premier tour par Nicolas Sarkozy, intensifie ses appels au vote utile, « auxquels une bonne partie de notre électorat est sensible », convient Dominique Voynet. Pour alourdir la barque chez EELV, Nicolas Hulot, qui avait pourtant promis de soutenir Eva Joly, a expliqué dimanche dernier qu’il se déterminera « en temps utile », mais sans faire état de son choix dans l’isoloir.

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