Quand les matons grognent

Dépassé par la surpopulation carcérale, le personnel de l’administration pénitentiaire bloque les établissements.

Jean-Claude Renard  • 19 avril 2012 abonné·es

À Caen, à Rennes, à Varces, ou encore à Fresnes et au Pontet, aux Baumettes et à Grasse. Plusieurs prisons ont été bloquées au cours de la première semaine d’avril, à l’appel des syndicats (FO et CGT notamment), par les salariés de l’administration pénitentiaire. Des mouvements qui ont empêché le transfert des prisonniers, les visites au parloir et les diverses activités internes comme le sport ou les ateliers de travail.

Les revendications et les motifs sont nombreux. Des problèmes de statut, la sécurité des agents, des salaires très faibles, une dégradation générale des conditions de travail et des moyens. Loin de tout ce qui peut garantir les missions de réinsertion passant par l’écoute, l’attention, le suivi individuel des projets, les différentes prises en charge. La mutinerie est donc aujourd’hui du côté des matons.

À y regarder de près, c’est la surpopulation carcérale qui est en cause. La France compte plus de 66 400 détenus pour 55 000 places. Dans certaines maisons d’arrêt, le taux d’occupation est de 150 %, parfois 180 %, avec trois personnes dans 9 m2. « Plus de prisonniers, c’est plus de travail », dénoncent les surveillants. Et cela ne s’accompagne ni de recrutements ni de hausses de salaire.

Les nouvelles prisons n’y changent rien, véritables usines déshumanisées, où les surveillants sont remplacés par des systèmes électroniques (portes, grilles et caméras). Les tensions ne cessent de s’accentuer, conséquences d’un tout-répressif.

Société
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