Les comptes du Lyon-Turin mis en cause

Trois associations, dont Anticor, ont examiné la gestion de l’entreprise chargée du projet de ligne ferroviaire. Édifiant.

Thierry Brun  • 24 janvier 2013 abonné·es

Anticor, Flare Network (réseau européen contre le crime organisé transnational) et la Coordination des opposants au Lyon-Turin ont alerté récemment la Cour des comptes sur la gestion de l’entreprise Lyon Turin Ferroviaire (LTF), filiale de Réseau ferré de France et de son équivalent italien, chargée de la réalisation du grand projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. L’enjeu est d’importance : le coût global de ce grand projet, qualifié d’inutile par les opposants et les écologistes, est estimé à plus de 26 milliards d’euros par la direction générale du Trésor. Un investissement colossal en grande partie assuré par des fonds publics nationaux et européens. Or, dans une lettre adressée le 16 janvier à Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, les trois associations ont mis en évidence ce qui « pourrait être qualifié de pratiques douteuses et de comptes insincères » dans la gestion de la société. En décembre, un blog de Politis a relevé, documents à l’appui, certaines des anomalies de gestion de l’argent public au sein de LTF [^2] et indiqué que Paolo Comastri, le directeur général de LTF a été condamné, en février 2011, à huit mois de prison en première instance par le tribunal pénal de Turin, pour trucage d’appel d’offres («  turbativa d’asta  »), des faits qui remontent à 2004. Dans le même jugement, le responsable de la direction des constructions de LTF, Walter Benedetto, a écopé d’un an de prison en première instance.

Dans un « tableau comparatif », les associations ont en outre relevé une « grande disproportion entre la France et l’Italie » dans les investissements liés aux postes de travail. De plus, au moins deux sociétés, Italcoge et Martina, liées à la ‘Ndrangheta, une organisation mafieuse, ont travaillé pour LTF, dont l’une a été condamnée en 2011 pour faillite frauduleuse. Un examen attentif des bilans de la société révèle aussi l’existence d’une « galerie virtuelle », pourtant bien comptabilisée dans les chiffres de l’entreprise. « Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, vous apprécierez l’opportunité de transmettre ou non ceux qui pourraient l’être au procureur général près la Cour des comptes », espèrent les trois associations dans leur requête auprès de la Cour des comptes.

[^2]: « Questions autour de la gestion du grand projet Lyon-Turin », 18 décembre 2012, blog « Classe contre classe », www.politis.fr/Questions-autour-de-la-gestion-du,20454.html

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre