Parutions de la semaine

Politis  • 14 mars 2013 abonné·es

La Commune n’est pas morte. Les usages politiques du passé de 1871 à nos jours

Éric Fournier, Libertalia, 192 p., 13 euros

Durant plus d’un siècle, la Commune de 1871 a suscité les passions. Après que les anciens communards, dès les années 1880, eurent imposé la « montée » au Mur des Fédérés comme un « rituel révolutionnaire majeur », la Commune n’a cessé de faire l’objet d’intenses usages mémoriels de la part des socialistes, des anarcho-syndicalistes et surtout des communistes (voire d’une certaine extrême droite), jusqu’à la célébration de son centenaire au lendemain de Mai 68. L’historien Éric Fournier retrace ici l’histoire des « usages politiques » d’un événement devenu un « mythe indéracinable » pour la gauche française et européenne. Passionnant !

Le métier d’homme. Husserl, Bloch, Orwell : morales de résistance

Jorge Semprún, Flammarion-Climats, 128 p., 10 euros.

Jorge Semprún avait prononcé trois allocutions dans le cadre des « Grandes Conférences » de la Bibliothèque nationale de France, les 11, 13 et 15 mars 2012. Après Gallimard, qui a publié en novembre un texte inédit de l’auteur franco-espagnol, ancien résistant et déporté, disparu en juin 2011 ( Exercices de survie, une méditation sur la torture subie lors de son arrestation en 1943 par la Gestapo), Flammarion reproduit ces trois conférences consacrées à Husserl, Marc Bloch et George Orwell, et à leurs réflexions sur l’époque troublée de la fin des années 1930, de la défaite de la France en 1940 et de l’Europe sous le joug hitlérien. Trois textes qui sont un éloge de l’esprit visionnaire et de résistance à la barbarie de ces trois auteurs majeurs, qui résonnent avec la pensée et le parcours de l’Européen convaincu que fut Jorge Semprún.

À nous de jouer ! Appel aux indignés de cette Terre

Stéphane Hessel, propos recueillis par Roland Merk, traduit de l’allemand par Nathalie Huet, éd. Autrement, 172 p., 12 euros.

On retrouve l’esprit de la Résistance, dans ce nouvel – et ultime – appel à l’indignation de Stéphane Hessel, ancien résistant et déporté à Buchenwald. Dans ce livre d’entretiens, il se dit convaincu de notre « besoin d’indignation, de responsabilité et de compassion » vis-à-vis des injustices de ce monde, à Gaza ou au Sahara occidental, deux combats qui lui tenaient à cœur, ou contre « le néolibéralisme et ses dangers ». Il débute ce livre par un lumineux discours à Zurich, à l’invitation de l’association Suisse-Palestine en 2011. Hessel y revient sur la joie qu’il a éprouvée en 1948, aux Nations unies, lors de la création d’Israël, sur son attachement à l’existence de ce pays mais aussi, du fait « des valeurs fondamentales qui se trouvent dans la Déclaration universelle des droits de l’homme », sur l’exigence de combattre les violations à l’encontre du droit des Palestiniens. Le témoignage posthume de cet homme à l’élégance suprême.

Idées
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