Les poursuites contre Almamy Kanouté annulées

Le militant devait comparaître pour avoir « résisté avec violence » à son interpellation lors des commémorations de l’esclavage. Les poursuites ont été cassées par un vice de procédure.

Erwan Manac'h  • 5 juillet 2013
Partager :
Les poursuites contre Almamy Kanouté annulées

*« Soulagé, mais en colère ». Almamy Kanouté, éducateur spécialisé et élu local à Fresnes (Val-de-Marne) sur une liste autonome, devait être jugé pour avoir « résisté avec violence à son interpellation (…) en poussant un fonctionnaire [de police] ». Au cours d’une audience éclaire, la nullité de la procédure a été prononcée, vendredi matin. Les agents de police ne lui avaient pas notifié ses droits lors du prolongement de sa garde à vue.

Des consignes de la préfecture de Police

Le 10 mai, Almamy Kanouté se rendait aux commémorations de l’abolition de l’esclavage présidées par François Hollande dans les jardins du Luxembourg. Il présente une convocation en bonne et due forme, mais se voit refuser l’entrée avec une poignée de militants de la Brigade anti-négrophobie, dont certains arborent des tee-shirts floqués du nom de l’association.

Une consigne a été diffusée aux agents de police pour qu’ils refusent l’accès aux militants du mouvement d’extrême droite Printemps français, de l’association Alliance noire citoyenne et de la Brigade anti-négrophobie en raison d’un « risque d’action », selon une note de la préfecture de Police que l’avocat d’Almamy Kanouté, maître Hosni Maati, s’est procurée.

Le face-à-face s’électrise rapidement entre les militants scandalisés et les forces de l’ordre, devant les grilles du jardin. Une bousculade conduit à l’interpellation, musclée, d’Almamy Kanouté par 8 gardiens de la paix. Faisant valoir une interruption temporaire de travail (ITT) de quatre jours, l’un d’entre eux poursuit le militant en justice.

  • La scène a été filmée par des militants :

« Je répondais à une invitation officielle en tant qu’élu de la République, nous étions censés passer un moment d’émotion et nous nous sommes retrouvés bloqués , s’attriste encore Almamy Kanouté à la sortie du tribunal. J’ai été sali dans cette affaire, et présenté comme un délinquant dans la presse, pour des faits qui ne tiennent pas la route » , ajoute-t-il.

« Je ne compte pas en rester là »

L’élu sort de garde à vue après 24 h avec une convocation trois jours plus tard. Lorsqu’il se présente au commissariat, il est interpellé de nouveau et sa garde à vue prolongée pour 24 h supplémentaires. C’est à cet instant que les officiers omettent de lui notifier la totalité de ses droits et en particulier le «droit de se taire». Ce point de détail a valu, ce vendredi devant la 28e chambre du tribunal correctionnel de Paris, un vice de procédure.

Le militant, soulagé par le dénouement rapide de son affaire, « ne compte pas en rester là » et étudie la possibilité de déposer plainte à son tour.

Lire > Almamy Kanouté : candidat de la diversité des opinions
_

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Frontière franco-espagnole : sept solidaires sur le banc des accusés
Récit 29 octobre 2025

Frontière franco-espagnole : sept solidaires sur le banc des accusés

Mardi 7 octobre, un procès particulier s’est tenu au tribunal judiciaire de Bayonne. Sept personnes sont inculpées pour « aide à l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière » en « bande organisée ». Mais ce procès revêt un caractère politique : les prévenus ne sont pas des passeurs, ce sont des solidaires.
Par Élise Leclercq
Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal
Décryptage 28 octobre 2025 abonné·es

Entassés dans des containers, 50 détenus de Kanaky gagnent au tribunal

Une semaine après l’entrée à la prison de la Santé de Nicolas Sarkozy, une autre réalité carcérale a surgi, ce mardi 28 octobre. Saisi en urgence par 50 détenus du principal centre pénitentiaire en Kanaky/Nouvelle-Calédonie, le tribunal administratif a reconnu des conditions de détention indignes.
Par Hugo Boursier
Rébecca Chaillon cyberharcelée : l’extrême droite, un fantôme sur le banc des accusés
Justice 27 octobre 2025 abonné·es

Rébecca Chaillon cyberharcelée : l’extrême droite, un fantôme sur le banc des accusés

Sept personnes comparaissaient la semaine dernière devant le tribunal de Paris pour cyberharcèlement à l’encontre de la metteuse en scène Rébecca Chaillon et de sa productrice. Si Gilbert Collard et Éric Zemmour étaient à l’origine de cette vague de haine, ils n’ont pas été inquiétés pour autant.
Par Chloé Bergeret
Violences policières : le combat des familles endeuillées
Enquête 24 octobre 2025 abonné·es

Violences policières : le combat des familles endeuillées

C’est la double peine : les proches d’une victime de violences policières doivent subir à leur tour une violence judiciaire et médiatique quand elles veulent obtenir justice. La sœur d’Adama Traoré et la tante de Souheil El Khalfaoui témoignent de leur lutte dans un climat dénué d’empathie.
Par Kamélia Ouaïssa