Bonnets rouges : Bretons, mais encore ?

De quelles revendications les manifestations fourre-tout organisées en Bretagne peuvent-elles bien accoucher ?

Michel Soudais  et  Pauline Graulle  • 7 novembre 2013 abonné·es

Un rassemblement hétéroclite… sans véritable slogan. Samedi dernier, à l’appel d’un mystérieux « comité pour l’emploi en Bretagne », mêlant le patronat local, la FNSEA, quelques syndicalistes et des élus locaux, plus de 15 000 « bonnets rouges » ont manifesté dans les rues de Quimper (Finistère). Ils ont déposé près de la préfecture des centaines de pots de chrysanthèmes, convoyés dans trois semi-remorques affrétés par on ne sait qui, censés représenter la mort de l’économie en Bretagne. Des pots ensuite projetés par des casseurs sur les CRS qui barraient l’accès au bâtiment. Dans le défilé : des élus UMP, dont le député Marc Le Fur, figure du combat parlementaire contre le mariage pour tous, aujourd’hui pourfendeur d’une écotaxe dont il a pourtant voté le principe, mais aussi Philippe Poutou, porte-parole du NPA, des représentants du FN, de groupes identitaires et quelques militants d’Attac. Des salariés licenciés et des syndicalistes de Force ouvrière côtoyaient la CGPME, syndicat patronal… On a même vu une énorme banderole « hollande-démission.fr », émanation du Printemps français, le mouvement extrémiste des anti-mariage pour tous.

Droite et extrême gauche, patrons et ouvriers, ultralibéraux et anticapitalistes, tous unis… mais pour quoi ? Samedi, la foule rassemblée à Quimper a revendiqué tout à la fois la suppression de l’écotaxe, la liberté d’entreprendre et l’interdiction des licenciements. Elle a hué pêle-mêle l’impôt et la flexisécurité, l’Europe et le jacobinisme, l’écologie et les délocalisations. Sous les disparités et les divergences, n’affleuraient que deux points communs. L’anti-Hollandisme, qui fédère les opposants de droite et les déçus de la gauche au pouvoir. Et l’identité bretonne, plus petit dénominateur commun de cette alliance de circonstance. Un peu court pour élaborer une plateforme de revendications ! Mercredi, le préfet de région devait rencontrer les représentants de la manifestation de Quimper. Mais lesquels ? Les élus UMP ont annoncé qu’ils en seraient. Le NPA ou FO, c’est moins sûr. Les premiers poussent Jean-Marc Ayrault, qui a déjà accordé 15 millions d’euros d’aides aux entreprises de l’agroalimentaire, à augmenter ces aides, et réclament moins d’impôts. Il est douteux que cela suffise à sauvegarder l’emploi quand c’est toute l’économie d’une région qui est à repenser. Sur des bases moins productivistes et plus respectueuses de l’environnement.

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