Acacio Pereira : « On fait le même boulot que les payants »

Directeur de la rédaction de 20 Minutes, Acacio Pereira défend une presse qu’il estime exigeante.

Jean-Claude Renard  • 12 décembre 2013 abonné·es

«Chacun a sa ligne éditoriale propre, mais, comme tous les journaux, nous suivons l’actualité du jour et choisissons les sujets selon notre façon de voir les choses. Il n’y a pas de grande différence avec Libération, le Monde ou le Figaro  : quand l’actualité s’impose, elle s’impose. Ce vendredi 6 décembre, par exemple, la mort de Nelson Mandela est incontournable, plutôt qu’une manchette sur le tirage au sort de la Coupe du monde. C’est plus dans le traitement de l’information que nous sommes différents. Nous abordons les mêmes sujets que nos confrères, mais avec l’œil de 20 Minutes. Un gratuit n’a pas vocation à faire le même travail qu’un payant, ou à donner le même rendu qu’un journal comme le Monde, que je connais bien pour y avoir travaillé plus de vingt ans. Mais travailler pour un gratuit ou un payant, pour moi, ne change rien. Je fais mon métier comme je le faisais au Monde, j’ai une carte de presse comme mes confrères, j’ai exactement la même déontologie, et je fais très attention à ce que font mes équipes en termes de vérification des faits. On fait notre boulot comme les autres. On nous dénigre, mais ça n’empêche pas nos confrères de la presse payante de piquer régulièrement nos journalistes !

Si l’on peut s’interroger sur la brièveté des articles, cela représente pour moi un véritable exploit. Est-ce un avantage ou un inconvénient ? Je ne sais pas. Je pense que c’est un avantage pour notre lecteur, qui a là un journal dense, qui le prend en même temps que son train ou le métro, et qui, sur la durée de son transport, a le temps d’avoir une vision globale de l’actualité justement parce que les articles sont courts. Vous ne lisez pas un grand papier de fond sur la situation en Afghanistan le matin dans le métro. Nous le savons tous. Les analyses du Monde, je les lis le soir dans mon canapé, pas dans le métro ! Ce qui est intéressant, c’est de voir comment nos journalistes sont capables de rendre une information aussi intéressante que dans un papier long sur un format très court. Parfois, les textes perdent même en qualité quand ils sont trop longs. L’article est meilleur quand il est dense, pour le journaliste comme pour le lecteur. Nous ne nous revendiquons pas comme un journal d’opinion. Pourtant, choisir certains sujets de manchette est une façon de donner notre opinion, même si l’on essaye de rester neutre, de respecter les équilibres. Quand on a un très gros lectorat, on ne peut pas se permettre de s’en mettre à dos la moitié. »

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