Radios associatives : le fonds d’échange des programmes entre en « liquidation »

Victime de l’austérité, le fonds d’échange des programmes disparaîtra fin 2013. L’avenir des radios associatives et des milliers d’archives est en jeu.

Erwan Manac'h  • 10 décembre 2013
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Radios associatives : le fonds d’échange des programmes entre en « liquidation »
© Photo : ZERO CREATIVES / CULTURA CREATIVE

Après un sursis d’un an obtenu au forceps, la liquidation est désormais imminente pour le programme d’Échanges et productions radiophoniques (Epra). Ce programme vieux de vingt ans, qui finançait chaque année 400 heures de programmes de proximité au profit de 171 radios associatives, est un outil reconnu de la « politique de la Ville ». Pour les radios, il représente une enveloppe de 570 000 euros en 2012 (1,3 million en 2010) et environ 200 postes de journalistes à temps plein.

Fin 2012,à la suite des inéluctables des baisses drastiques de subventions, la liquidation du fond était annoncée. Elle sera retardée d’un an le temps de préparer la transition. Le fond tourne depuis comme une coquille vide. Aucun programme n’a été financé en 2012.

« Une aberration » , pour Farid Boulacel, directeur de New’s FM radio associative de l’agglomération grenobloise :

«  Le ministère de la ville répète à l’envi qu’il veut promouvoir la mémoire dans les quartiers, mais il ferme un outil qui servait justement à cela ».

Réponse du ministre délégué à la Ville : « La disparition de [l’Epra] est inévitable » , en raison des « contraintes budgétaires » .

Une solution « sans impact budgétaire » ?

La mise à mort du fonds doit être prononcée ce mercredi 11 décembre, avec la nomination en Assemblée générale exceptionnelle d’un «liquidateur». Il aura jusqu’à la fin 2014 pour conclure toute transaction et « régler le sort» des trois derniers salariés du Groupement d’intérêt public.

Sur demande des radios, le médiateur de Radio France, Jérôme Bouvier, a été missionné en février 2013 pour une réflexion sur la conversion de l’Epra « sans impact budgétaire ». Il a conclu en juin sur trois propositions qui reviennent à reconstituer une Epra plus lisible et plus accessible – avec une « plateforme numérique » repensée – sous le nom de « Commission nationale médias de proximité & diversité ». La nouvelle structure regrouperait tous les financements aux médias associatifs et pourrait s’installer dans un lieu unique pour une meilleure mutualisation des moyens. La ville de Bondy est déjà candidate.

Un groupe de travail étudie cette hypothèse, ont annoncé les ministères de l’Intérieur, de la Culture et de la Ville. Ce dernier saluant au passage « le rôle essentiel joué par les radios associatives » dans les quartiers.

11 000 heures d’archives

Pour les radios, le flou reste total : « Cela fait un bout de temps que je ne suis plus au courant des plans du ministère », raconte Joel Rakotomalala, le directeur de l’Epra.

Il s’agit désormais de continuer à valoriser les 11 000 heures d’archives que l’Epra a accumulées en 20 ans d’existence. L’Ina pourrait s’en charger moyennant un petit investissement (50 000€). Il reste aussi à éclaircir les modalités de transfert de la gestion des droits d’auteur. Une question sensible.

Le ministre de la Ville annonçait le 19 novembre qu’un « dispositif global d’accompagnement » devrait entrer en action pour la fin du mois de décembre. Mais à trois semaines de l’échéance, il est peu probable que l’administration sorte la future «commission nationale» du chapeau.

Lire > Radios associatives : la banque d’échange des programmes est menacée


Médias
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