Ces maires qui jettent l’écharpe

Difficultés financières, règle du non-cumul, effet de l’âge… Un certain nombre de maires ont décidé de ne pas se représenter. Cela ne signifie nullement qu’ils sont déçus de la fonction. Témoignages.

Michel Soudais  et  Pauline Graulle  • 13 mars 2014 abonné·es

Combien d’élus parmi les 36 664 maires, dont le mandat est soumis à renouvellement les 23 et 30 mars, ont-ils décidé de ne pas se représenter ? À dix jours du premier tour des élections municipales, le chiffre n’est pas encore connu. Même les ordinateurs du ministère de l’Intérieur ne sauraient nous le livrer précisément. Depuis quelques scrutins, un scénario se répète : à un an de l’élection, les articles se multiplient sur ce qu’on appelle « le blues des maires ». Essentiellement des élus de petites communes qui se plaignent des difficultés croissantes auxquelles ils doivent faire face pour accomplir leur mandat. Un vrai sacerdoce laïc. Mais, à l’approche du scrutin, les démissions se révèlent finalement moins massives qu’annoncé. En 2014, des motifs supplémentaires de jeter l’écharpe sont apparus. La situation financière faite aux communes en est un (lire Politis n° 1289). La généralisation de l’intercommunalité, et la modification du rôle du maire qu’elle entraîne, en est un autre. Enfin, comme on le lira dans les pages qui suivent, certains choisissent d’anticiper l’interdiction du cumul des mandats. Pourtant, si certains élus connus raccrochent, comme Bertrand Delanoë, Dominique Voynet, Jean-Paul Alduy ou Martine Lignières-Cassou, on cherche encore les traces d’un mouvement d’ampleur. On s’inquiétait d’une absence de candidats dans un grand nombre de communes, du fait notamment de la modification du mode de scrutin ? Ce cas extrême, où le maire refuse de rempiler et ne trouve personne pour le remplacer, ne touche que 64 d’entre elles, dont une seule commune de plus de 1 000 habitants, Gironde-sur-Dropt (Gironde). Pas de quoi traduire un désintérêt pour la fonction. D’ailleurs, les candidats sont plus nombreux qu’en 2008 : 21 186 listes ont été enregistrées dans les 9 734 communes de plus de 1 000 habitants.

Le maire reste l’élu préféré des Français et le mandat préféré des élus. Les cinq maires sur le départ que nous avons interrogés nous le disent tous, avec leurs expériences différentes, sur lesquelles ils sont volontiers prolixes. Peu de regret dans leurs témoignages, mais parfois le constat que les obligations de la fonction s’accommodent mal de l’âge. Un sentiment loin d’être partagé : au 1er janvier, 63 % des maires avaient plus de 60 ans. Les élus qui décident de limiter volontairement le nombre de leurs mandats font encore figure d’exception. Beaucoup plus nombreux sont les maires qui s’accrochent. Parfois au-delà du raisonnable. À l’UMP, l’ancien ministre Pierre Méhaignerie, qui a volontairement abandonné son siège de député en 2012, brigue un septième mandat à Vitré (Ille-et-Vilaine). Au PS, le sénateur Alain Richard, ministre de la Défense du gouvernement Jospin, fait de même à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). « Beaucoup d’élus se demandent comment ils vont continuer à s’engager, à militer politiquement, dès lors qu’ils ne seront plus maires », philosophe Jacques Bourgoin, maire PCF de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Pour ceux que nous avons rencontrés, c’est une affaire réglée.

Politique
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…

Budget : l’impasse stratégique du parti socialiste
Parti pris 12 novembre 2025

Budget : l’impasse stratégique du parti socialiste

L’article sur la suspension de la réforme des retraites du projet de loi de financement de la Sécurité sociale sera examiné ce 12 novembre à l’Assemblée. Le PS, en quête d’un moment de gloire politique, a opté pour la stratégie de la magouille en votant pour la partie recettes du PLFSS dimanche dernier.
Par Lucas Sarafian et Pierre Jequier-Zalc
« Il faut modifier la Constitution pour empêcher l’avènement d’un régime autoritaire »
La Midinale 5 novembre 2025

« Il faut modifier la Constitution pour empêcher l’avènement d’un régime autoritaire »

Il vient de déposer une proposition de loi constitutionnelle : Éric Kerrouche, sénateur socialiste des Landes, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Mouvement social de 1995 : la naissance d’une nouvelle génération politique
Récit 5 novembre 2025 abonné·es

Mouvement social de 1995 : la naissance d’une nouvelle génération politique

Le grand mouvement social de 1995 a vu l’apparition d’une dizaine de futurs visages de la gauche, des figures qui, en trois décennies de vie publique française, n’ont jamais abandonné le combat. Très souvent en faveur de l’union de la gauche.
Par Lucas Sarafian
Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat
Budget 4 novembre 2025 libéré

Budget : le cadeau d’un milliard d’euros du gouvernement au patronat

En proposant, une nouvelle fois, de fixer à 1,6 milliard d’euros le transfert de la branche accident du travail/maladie professionnelle (AT-MP) à la branche générale de la Sécu, le gouvernement offre un discret mais très coûteux cadeau au patronat… au détriment de la collectivité.
Par Pierre Jequier-Zalc