La France rêvée de Valls

Dans le discours de politique générale du nouveau Premier ministre dessine une société individualiste dénuée de solidarité collective. Une société du chacun pour soi. Un cauchemar.

Michel Soudais  • 17 avril 2014
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On connaissait le Manuel Valls des primaires en bretteur décomplexé de la droite du PS. Depuis, à la faveur d’une défaite électorale sans précédent, Monsieur 5,6 % a endossé le costume du sauveur d’un parti sans guide. Et, en entrant à Matignon, celui de chef de la majorité. A-t-il changé ? Son discours de politique générale, au-delà des effets de communication inhérents à l’exercice, nous livre, sinon le fond de sa pensée, du moins une part de son projet pour la France. Or, comment ne pas voir que ce dernier s’esquisse avec des mots qui ne sont pas ceux de la gauche ? Compétitivité, attractivité, coût du travail, charges sociales, allégement de la fiscalité… Pas une seule fois le Premier ministre n’a parlé d’inégalités. Quant à la solidarité, il n’en a été question qu’à travers la « contribution sociale de solidarité des sociétés » qu’il va… supprimer, modeste cadeau de 6 milliards parmi une quarantaine d’autres offerts aux entreprises. Évidemment, il en a été aussi question avec le pacte « de solidarité » censé compenser le coûteux pacte de responsabilité.
Mais sa principale disposition est directement reprise d’une mesure prônée par la seule Marine Le Pen. Manuel Valls veut diminuer les cotisations salariales des salariés au niveau du Smic pour leur permettre de gagner 42 euros de plus par mois ; la candidate d’extrême droite suggérait, elle, lors de la campagne présidentielle, d’augmenter par ce biais les bas salaires de 200 euros, mais le principe est le même. C’est celui d’une vieille revendication des ultralibéraux, qui demandent que les salariés récupèrent l’intégralité de leur salaire, charge ensuite pour eux de choisir librement les assurances sociales qu’ils souhaitent. Ainsi se dessine une société individualiste dénuée de solidarité collective. Une société du chacun pour soi. Un cauchemar.

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La France rêvée de Manuel Valls
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