Manifestations propalestiniennes interdites : la LDJ a gagné

Michel Soudais  • 18 juillet 2014 abonné·es
Manifestations propalestiniennes interdites : la LDJ a gagné
© Photo: CITIZENSIDE/ALAIN COUTURIER / CITIZENSIDE.COM

La préfecture de police de Paris , sur consigne du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a interdit en milieu de journée la manifestation propalestinienne prévue demain, samedi 19 juillet, entre Barbès et la place de l’Opéra. Une interdiction motivée par « des risques graves de troubles à l’ordre public qu’engendrerait [cette manifestation] dans un contexte de tension accrue » , fait valoir la préfecture. Après la déclaration de soutien de François Hollande à l’offensive israélienne, le gouvernement donne ainsi raison aux provocateurs et casseurs de la Ligue de défense juive (LDJ). Il ajoute une erreur politique à la bourde présidentielle.

Les organisateurs de la manifestation , par la voix de leur avocat, Hosni Maati, ont dénoncé une décision  « qui s’oppose à une liberté fondamentale » et annoncé l’introduction d’un référé-liberté, c’est-à-dire un recours en urgence devant la justice administrative, dans l’espoir de pouvoir maintenir la manifestation. Si l’interdiction n’était pas levée, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), que cette décision « indigne » , a prévenu dans un communiqué qu’il appellerait « tout de même  […] à se rassembler pour protester publiquement » .

Pour sa part, la Ligue des droits de l’homme (LDH) estime que cette interdiction « constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de réalité » . L’association conteste en effet fortement que de telles manifestations importeraient le conflit israélo-palestinien, comme l’invoque le gouvernement :
« Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un État souverain aux frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël, ce n’est pas importer un conflit, c’est inscrire la politique française dans les principes qu’elle prétend défendre » , assure la LDH dans son communiqué.
La LDH s’étonne une nouvelle fois de l’impunité dont jouit la LDJ, dont l’implication dans les échauffourées qui se sont produites dimanche dernier, rue de la Rocquette, est avérée :
«  À en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait l’objet d’un traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu l’occasion de s’étonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui n’a jamais caché qu’elle se comporte, à l’encontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou. »  

Alors que « des groupuscules pro-israéliens semblent être, eux aussi, à l’origine de violences et d’incitations à la haine » qui ont débouché sur « les débordements de la manifestation de dimanche dernier » , le PCF juge « inacceptable que la préfecture renonce à faire respecter l’ordre et préfère faire taire les manifestants plutôt que de les protéger » .
« Le ministère de l’Intérieur doit faire respecter l’ordre public, et non jouer le jeu de ces individus minoritaires dont l’objectif est d’empêcher les manifestants de faire entendre leur appel à la paix et leur soutien au peuple palestinien. »
À Sarcelles, où une manifestation de soutien aux Palestiniens était prévue, dimanche à 15 heures devant la gare de RER Garches-Sarcelles, il aura suffit que la LDJ annonce un rassemblement de soutien à Israël, au même endroit et à la même heure, pour que le gouvernement interdise l’un et l’autre. À la plus grande satisfaction de la LDJ.

Monde Politique
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