Eva Joly : « Proposer une candidature de large rassemblement »

Eva Joly, eurodéputée, veut orienter la stratégie d’EELV vers une alliance avec la gauche de la gauche.

Pauline Graulle  • 28 août 2014 abonné·es
Eva Joly : « Proposer une candidature de large rassemblement »
© Photo : AFP PHOTO / JEAN-PIERRE MULLER

Pendant les Journées d’été d’EELV, Eva Joly publiait dans Libération une tribune cosignée avec Julien Bayou [^2], invitant les autres partis de gauche à se rassembler pour proposer une candidature alternative à gauche en 2017.

Vous appelez à l’organisation d’une « primaire de l’espoir », « l’autre primaire de la gauche » pour 2017. Préparer dès aujourd’hui la prochaine présidentielle, n’est-ce pas prématuré ?

Eva Joly : C’était le bon moment pour envoyer le signal. La question, c’est de remettre la gauche et les écologistes en situation de gagner la prochaine présidentielle. Sur la ligne Valls/Hollande, il n’y a pas de majorité de gauche possible en France. Encore faut-il se donner les moyens de forger une autre politique. Avec ces primaires de l’espoir, nous voulons apporter un débouché d’action pour toutes les forces progressistes du pays, et cela prend du temps. Il faut donc commencer à bouger dès maintenant pour être prêt le moment venu. Par exemple, je ne veux pas laisser les frondeurs du PS dans le vide : il faut leur proposer de construire ensemble une alternative.

Vous vous adressez en effet aux frondeurs, mais pas seulement…

Notre volonté est de construire une plateforme large : EELV, les frondeurs du PS, le Front de gauche, Nouvelle Donne, voire des écologistes réformateurs comme Jean-Luc Bennahmias [du parti de centre-gauche le Front démocrate, écologiste et social, NDLR]. Il nous faut aussi interpeller Christiane Taubira et Arnaud Montebourg, créer une dynamique citoyenne, comme celle qui a permis de l’emporter à Grenoble. Et ne pas refaire l’erreur de ma candidature en 2012 : nous devons proposer une candidature de large rassemblement, autour des valeurs écologiques.

Comment comptez-vous rassembler aussi largement ?

Prenez Montebourg : sa prise de parole contre l’austérité est courageuse, c’est un point de départ. Il pose les bonnes questions mais n’apporte pas encore les bonnes réponses. Il ne dit pas un mot sur l’écologie. C’est pourquoi je dis : parlons-nous pour faire bouger les lignes. Beaucoup de choses peuvent nous réunir si nous consentons à faire un pas vers l’autre. De toute façon, il nous faut agir vite. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans cette société de surconsommation et d’inégalités. Si nous ne nous mettons pas d’accord, nous assisterons à l’avènement d’un pouvoir fasciste.

Sur quels axes devra se faire cette nouvelle alliance ?

Le changement devra s’appuyer sur trois piliers. D’abord, ce « programme commun » devra reposer sur la dimension écologique et prendre au sérieux ce que nous disons depuis quarante ans sur la finitude du monde, le respect des écosystèmes, la lutte contre les lobbies, etc. Ce n’est pas négociable. Deuxièmement : la lutte contre les inégalités, qui créent un monde insupportable où le chômage côtoie la flexibilité du travail et où les multinationales ont tous les pouvoirs en face d’hommes politiques démissionnaires. Le troisième pilier, ce sont les institutions. Il faut sortir de la constitution napoléonienne dans laquelle nous sommes. Croire qu’on peut avoir un homme fort pour diriger le pays est un héritage de la monarchie absolue qu’il nous faut liquider.

[^2]: Conseiller régional Île-de-France, porte-parole d’EELV et animateur de l’aile gauche du parti.

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