En quête de soutiens, la gauche frondeuse convoque la société civile

Réunie samedi à Paris pour écouter des militants associatifs, la gauche rose-verte-rouge voulait montrer un nouveau visage.

Pauline Graulle  • 29 septembre 2014
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En quête de soutiens, la gauche frondeuse convoque la société civile
© Photos: Laurent Laborie / Politis

Pour une fois, diront les mauvaises langues , ils ont tenu leur promesse : se taire, et écouter – si tant est que l’utilisation intensive de Twitter ne porte trop gravement atteinte à la concentration… Samedi 27 septembre, dans une mise en scène très soignée, une quarantaine de politiques se sont prêtés au jeu d’« Echanger pour changer ». But affiché de l’opération (rondement) menée par le député socialiste frondeur Pouria Amirshahi : prendre le pouls de la dite « société civile » en lui laissant, une fois n’est pas coutume dans le microcosme politique, le micro.

_ Avec cette initiative, a espéré l’organisateur dans son discours introductif, « on pourra enfin lancer ce grand mouvement qui s’impose dans toute la France » . Et ainsi, dépasser le cadre parlementaire de l’anti-hollandisme de gauche… Derrière les nobles intentions d’Amirshahi, se profilait aussi une opération médiatique : donner à voir à la presse, ainsi qu’au public présent à la « Bellevilloise » (lieu branché du XXe arrondissement), une nouvelle génération de politiques. Ces quadras « vraiment » de gauche, en prise avec le mouvement social, et unis dans la rupture avec le gouvernement actuel.

_ Sans doute, la perspective d’apparaître comme « ceux qui comptent » à gauche n’y était donc pas pour rien dans les motivations qui ont présidé à cet entre-soi, au fond, assez hétéroclite. Avec, évidemment, les socialistes critiques et/ou « frondeurs » (Emmanuel Maurel, Barbara Romagnan, Laurent Baumel, Christian Paul, Jean-Marc Germain…). Mais aussi, des représentants du Front de gauche (Clémentine Autain et Pierre Laurent), d’EELV (Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse, Karima Delli, Julien Bayou) et de Nouvelle Donne (Pierre Larrouturou)…

Torpeur


_ La belle brochette a écouté, sans ciller, citer Gramsci, Marx et Lénine à la tribune. A applaudi aux interventions du « panel » des intervenants, qui ont, chaque fois, dépassé leurs cinq minutes de temps imparti. Sans surprise, le magistrat Serge Portelli s’est fait le pourfendeur de la « justice gestionnaire » et la féministe Anne-Cécile Mailfert, du raccourcissement du congé parental. Le « porte-voix des banlieues » Mohamed Mechmache – dont on a oublié de rappeler qu’il se trouvait sur la liste de la région Ile-de-France EELV aux dernières européennes –, a réclamé « des réformes qui coûtent pas cher » , comme l’abrogation de « cette circulaire qui pourrit la vie des citoyennes voilées » . Et l’ouvrier de Fralib, très applaudi, est revenu sur les 1 336 jours de lutte. Toujours en verve, le « psy » médiatique Gérard Miller a dénoncé ces « socialistes qui ont fait “capitalisme” première langue »

Bocar Niane de Cité en mouvement.

A la septième intervention, sur les lycéens sans papier, l’attention commençait à flotter. C’est qu’il faisait chaud en cet après-midi d’été indien… Edwy Plenel, a réussi in extremis à sortir la salle de sa torpeur. Lyrique, le journaliste vedette de Mediapart a appelé à « réenchanter l’imaginaire démocratique » , estimant même que « les trois B. de “bonheur”, “beauté”, “bonté”, font un programme politique » . Il a frôlé la standing ovation du public – pour la plupart, de jeunes militants politiques et citoyens engagés. Et suscité quelques sourires circonspects chez les politiques.

Politique
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