Barrage de Sivens: une opposante porte plainte après un jet de grenade

Politis.fr  et  AFP  • 31 octobre 2014 abonné·es
Barrage de Sivens: une opposante porte plainte après un jet de grenade

Elsa Moulin, 25 ans, blessée le 7 octobre en ramassant une grenade jetée « volontairement » à l’intérieur d’une caravane par un gendarme, sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), a déposé plainte jeudi à Toulouse. Il s’agit d’une plainte avec constitution de partie civile pour « violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par une personne dépositaire d’autorité publique avec usage ou menace d’une arme » , a indiqué à l’AFP son avocate, Me Claire Dujardin. Cette dernière agit dans ce dossier avec Me Arié Alimi, conseil de la famille de Rémi Fraisse, le jeune homme de 21 ans tué dimanche sur le chantier de la retenue d’eau lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Lire > Mort de Rémi Fraisse : la piste d’une grenade des gendarmes privilégiée

La jeune femme s’était « réfugiée » **** dans cette caravane avec deux autres personnes, lors d’une expulsion d’opposants occupant une parcelle du site du barrage, quand elle a été blessée à la main en ramassant la grenade. Hospitalisée pendant dix jours, elle est en arrêt maladie jusqu’au 21 novembre, selon l’avocate. La scène a été filmée. Sur une vidéo tournée de l’intérieur de la caravane et diffusée sur YouTube dès le 9 octobre par l’un des trois occupants, on peut voir un gendarme[^2] s’adresser aux opposants une grenade à la main : « À trois, je vous laisse partir. » Puis le gendarme disparaît du champ de la caméra, mais on l’entend compter jusqu’à huit, avant que retentisse un bruit d’explosion et les cris des occupants de la caravane. L’avocate n’a pas été en mesure de préciser le type de grenade utilisé, la caravane ayant été enlevée du site.

« C’est symbolique de l’attitude des gendarmes, qui font un peu ce qu’ils veulent » , a estimé Me Claire Dujardin. On atteignait alors « le sommet des violences » avant la mort de Rémi Fraisse. Ce décès, qui a suscité un vif émoi national, a provoqué la suspension sine die du chantier, ce vendredi, par le conseil général du Tarn.
Les parents de Rémi Fraisse ont déposé deux plaintes, l’une pour « homicide volontaire » et l’autre pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » . Une information judiciaire a été ouverte à Toulouse pour des « faits commis par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions » . L’Inspection générale de la gendarmerie nationale a de plus été saisie.

[^2]: Le blog des opposants au barrage, Tant qu’il y aura des bouilles, le présente comme un membre du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) d’Albi .

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