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M. Jouyet incarne au plus haut point la « gauche » dextre, qui termine les sales boulots de la première droite.

Sébastien Fontenelle  • 13 novembre 2014 abonné·es

La « presque affaire d’État » (PAD’A) –  dixit les rigolos du Journal du dimanche  – de la semaine : M. Fillon, de l’UMP, aurait, dans le cours d’un déjeuner, demandé à M. Jouyet, de l’Élysée – où il est, dixit les mêmes, le « plus proche conseiller » de M. Hollande, chef de l’État français (CDL’ÉF) – de « taper » vite et fort sur M. Sarkozy, ex-CDL’ÉF, dont le nom, depuis qu’il a été lourdé de l’Élysée en 2012 [^2], est cité dans un nombre si conséquent de scandales politico-financiers qu’on est presque pris de l’envie, certaines fois, de l’appeler plutôt M. Balkany.

Dans l’absolu, et nonobstant que, pour ce qui me concerne, je me tamponne assez radicalement la coquillette [^3] des aventures de M. Fillon, sa démarche, pour autant qu’elle soit un jour avérée [^4], me paraît tout à fait cohérente : le mec est de droite, et souhaite qu’un possible délinquant multirécidiviste soit (méticuleusement but ) rigoureusement checké par les institutions idoines ? Si je serais-je de l’UMP, je crois sincèrement que j’applaudirais à tout rompre au spectacle de tant de vertu sécuritaire.

Mais ce qui m’intéresse, dans cette grotesque PAD’A, est ailleurs : dans le rappel, fait pour l’occasion par de consciencieux journaleux, que MM. Jouyet et Fillon se connaissent tout à fait bien, et seraient même quelque chose comme des gros teupos, puisque tout aussi le premier a servi dans le gouvernement (de droite) du second (comme secrétaire d’État chargé des Affaires européennes), au temps qu’icelui [^5] travaillait pour M. Sarkozy – le même dont il demanderait aujourd’hui, selon M. Jouyet, qu’on lui tape fissa dessus, t’as vu comment que c’est compliqué, la politique, putain ?

Pourquoi m’intéresse-ce  [^6] ? Parce que ça nous dit que M. Jouyet, qui avait auparavant (et notamment) bossé pour M. Jospin, du Parti « socialiste », est ensuite passé au service d’un régime de droite spécialement hardcore – du moins le pensions-nous avant de découvrir M. Valls dans ses œuvres ministérielles –, mais que ce très, très lourd passé [^7] n’a nullement dissuadé M. Hollande de le bombarder, au printemps dernier, secrétaire général de l’Élysée.

Car de fait – et par l’extraordinaire souplesse de son échine même –, M. Jouyet incarne, au plus haut point, la « gauche » dextre, boussolée [^8] par le capital, qui depuis trente ans termine les sales boulots de la première droite : il était donc normal qu’il soit appelé par le président du même nom, qui depuis deux ans s’est intégralement dédié – bien plus encore, et ce n’est pas peu dire, que n’avait fait en son temps M. Jospin – à cette exécrable mission.

[^2]: Ce soir-là, remember : nous fûmes si joyeux de la déconvenue de Nini Talonnettes, que le nom de M. Hollande nous fit sourire pendant toute une dizaine de secondes. Et juste après : nous nous sommes rappelé qu’il était, lui aussi, de droite.

[^3]: Oui : la coquillette.

[^4]: Je suppose que tu n’as aucune intention, toi non plus, de te fier ici au seul témoignage de M. Jouyet ?

[^5]: M. Fillon, donc : est-ce que tu vas te décider à suivre, oui ?

[^6]: Je te suggère d’essayer de prononcer ces quatre mots en mâchant du pop-corn, juste pour voir.

[^7]: Ou si c’est un passif ?

[^8]: T’as vu ?

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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