Grèce: l’échec de la présidentielle ouvre la voie à Syriza

Des élections législatives anticipées seront organisées dans quelques semaines. La formation d’Alexis Tsipras est bien placée pour l’emporter.

Michel Soudais  • 29 décembre 2014 abonné·es
Grèce: l’échec de la présidentielle ouvre la voie à Syriza
© Photo: Alexis Tsipras face aux médias à la sortie du Parlement grec, après le 3e tour de scrutin présidentiel, le 29 décembre 2014 (ANGELOS TZORTZINIS / AFP).

Le gouvernement grec a définitivement perdu l’élection présidentielle. Son candidat, l’ancien Commissaire européen Stavros Dimas n’est pas parvenu à réunir les 180 voix de députés nécessaires à son élection lors du troisième tour et dernier tour de scrutin qui se déroulait ce matin au Parlement grec. En conséquence, celui-ci sera dissous dans les dix jours, et des législatives anticipées vont avoir lieu, sans doute le 25 janvier ou le 1er février. Le Premier ministre Antonio Samaras (Nouvelle démocratie) a déjà fait connaître sa préférence pour le 25 janvier.

Les députés ont résisté aux pressions de l’Union européenne et des marchés financiers. Pour son ultime tour de scrutin, Stavros Dimas n’a pas fait mieux que lors des deux premiers tours, les 17 et 23 décembre, où il avait obtenu 160 puis 168 voix. Dès l’annonce-surprise d’un calendrier avancé de deux mois pour le scrutin présidentiel, la Commission européenne n’avait pas hésité à s’ingérer grossièrement dans le processus électoral grec.
Lire > Mais de quoi se mêlent-ils ?
Samedi encore, dans un entretien au quotidien Bild , le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait prévenu que «de nouvelles élections ne changent rien à la dette grecque» (175% du PIB, NDLR). «Chaque nouveau gouvernement doit respecter les accords pris par ses prédécesseurs» , a-t-il lancé à l’adresse de Syriza qui souhaite une réduction de cette dette.
La Bourse d’Athènes, quant à elle, avait clairement manifesté son anxiété: une heure et demie avant le vote, elle était en repli de plus de 7% après avoir déjà déjà cédé 20% en quatre séances début décembre. L’annonce de ce scrutin est en effet tombée au moment où le pays, qui comptait sortir du plan d’aide de l’Union européenne fin décembre, a dû accepter d’allonger de deux mois les discussions, sur fond de désaccords persistants avec ses créanciers.
Ces discussions «reprendront une fois qu’un nouveau gouvernement sera en place» à Athènes, a indiqué cet après-midi le porte-parole du FMI, Gerry Rice, dans un très bref communiqué, augurant de nouvelles pressions internationales, cette fois sur les électeurs, en vue du prochain scrutin.

Syriza est le grand favori des élections législatives. La Grèce vit depuis 2010 sous perfusion de ses créanciers internationaux (FMI, BCE et UE) qui se sont engagés à lui prêter 240 milliards d’euros en échange d’une austérité draconienne. Les Grecs en sont fatigués, et la formation de gauche radicale devance d’environ trois points le parti de la Nouvelle Démocratie d’Antonio Samaras dans tous les sondages. Raison pour laquelle Alexis Tsipras a déclaré, après le scrutin présidentiel :
«C’est un jour historique. Avec la volonté du peuple, dans quelques jours, les plans d’austérité appartiendront au passé, l’avenir peut commencer.»
Une tirade qui a immédiatement fait réagir Pierre Moscovici. Le commissaire européen à l’Economie a appelé, dans un communiqué, les électeurs grecs à «soutenir les réformes favorables à la croissance» .

Monde
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