Soins en prison : la France condamnée
C’est une première. La justice européenne a condamné la France pour n’avoir pas apporté les soins nécessaires à Mohamed Helhal, un détenu du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, souffrant d’un handicap physique. En effet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que le prisonnier, âgé de 43 ans, condamné à trente ans de réclusion criminelle (pour assassinat et tentative d’assassinat) a subi des « traitements inhumains et dégradants » . Paraplégique depuis une chute de plusieurs mètres à l’occasion d’une tentative d’évasion, il y a neuf ans, Mohamed Helhal s’était plaint du faible nombre de séances de kinésithérapie dont il bénéficie (une séance hebdomadaire depuis 2009, aucune auparavant), et de devoir compter seulement sur un codétenu pour faire sa toilette, faute de douche en cellule. La cour a jugé que « les autorités nationales n’ont pas fait tout ce qu’on pouvait exiger d’elles pour offrir à M. Helhal la rééducation dont il avait besoin. […] L’absence ou l’insuffisance de soins et la nécessité de se faire aider par un codétenu pour prendre ses douches l’ont soumis à un niveau de souffrance dépassant celui qui est inhérent à une privation de liberté » . Si l’avocat de Mohamed Helhal a souligné que « l’administration pénitentiaire n’a pas seulement des droits sur les détenus, mais aussi des obligations à leur égard » , cette condamnation ne fait que rappeler combien les prisons françaises manquent douloureusement et honteusement de soins médicaux et paramédicaux.