1 000 milliards de dollars : distribution record à Wall Street

Erwan Manac'h  • 14 avril 2015 abonné·es
1 000 milliards de dollars : distribution record à Wall Street
© Photo : SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

C’est un nouveau record. En 2015, les entreprises cotées à Wall Street s’apprêtent à verser 1 000 milliards de dollars (943 milliards d’euros) sous forme de dividendes ou de rachats d’actions à leurs actionnaires, selon le calcul de plusieurs cabinets d’analyse.

1 000 000 000 000 de dollars, soit l’équivalent du tiers du PIB français (2 902 M en 2014). C’est 10 % de plus que l’année dernière (902 M).

Les 500 plus grosses sociétés américaines distribueront ainsi 400 milliards de dollars en dividendes et 600 milliards de dollars en rachats d’actions pour satisfaire – et retenir – leurs actionnaires, au détriment des investissements dans l’économie réelle.

Les grands patrons inquiets

Même le patron du numéro un mondial de la gestion d’actifs, BlackRock, s’est inquiété mardi dans une lettre ouverte de cette générosité, reprochant aux grandes entreprises leur frilosité à investir et leur court-termisme. « [Elles] envoie [nt] un message décourageant sur la capacité d’une entreprise à utiliser ses ressources à bon escient » , regrette Laurence Fink.
Début avril, c’était le PDG de la banque JPMorgan Chase, Jamie Dimon, qui tirait la sonnette d’alarme (lire sur Challenges.fr).

Les fonds activistes

Cette politique qui couvre d’or les actionnaires est accentuée par le chantage des « fonds activistes » qui mettent publiquement la pression sur les entreprises pour faire monter les enchères boursières. Exemple récent : Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, a dû accepter d’augmenter de 2,7 milliards d’euros les dividendes distribués à ses actionnaires d’ici à 2017 après deux semaines d’intenses pressions du fonds américain PSAM, qui détient… 0,8 % du géant français des médias.

Vincent Bolloré déclarait le 9 avril avoir cédé, « même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre » pour investir. Dans cette affaire, la victime n’est pourtant pas le milliardaire breton. Il obtient dans ce deal le soutien de PSAM pour l’adoption du système prévu par la « loi Florange », doublant le droit de vote des actionnaires présents depuis au moins deux ans. Bolloré double ainsi son emprise sur le groupe dont il détient 12,01 % du capital.

Économie
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