Climat: Obama présente son plan, les Républicains le refusent

Claude-Marie Vadrot  • 1 avril 2015 abonné·es
Climat: Obama présente son plan, les Républicains le refusent
© Photo: Mitch McConnell, leader de la majorité républicaine au Sénat, lors d'un point de presse, le 10 mars 2015. AFP PHOTO/NICHOLAS KAMM

La Maison Blanche et le Président américain viennent de faire parvenir aux Nations unies leur plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre en vue de la conférence de Paris qui doit se tenir cet hiver. Les États-Unis proposent de réduire leurs rejets de gaz carbonique jusqu’à 28 % en 2025 par rapport au niveau de 2005. Les associations environnementalistes américaines ont applaudi. Mais, quelques heures plus tard, le Parti républicain, largement majoritaire au Congrès depuis les élections de novembre 2014, a fait savoir qu’il s’opposerait à la ratification d’un accord.

Climat et créationnisme. Le leader de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell (photo), sénateur du Kentucky, l’État américain qui abrite depuis 2008 le seul musée américain consacré au « créationnisme », a expliqué que le gouvernement du pays devrait prendre plus de précautions pour annoncer un tel projet que refusent les Américains et les 13 États qui se sont déjà prononcés formellement contre. Une majorité de parlementaires, au Sénat et à la Chambre des Représentants, a signifié son opposition à toute participation du pays à une « lutte climatique » considérée sans objet. Refus illustré par une récente et discrète information divulguée par la presse américaine.

Réchauffement, un mot interdit en Floride. Depuis 2012, révélation faite en janvier 2015, une instruction notifiée oralement à tous les fonctionnaires et collaborateurs de l’administration de Floride a indiqué que les mots faisant allusion aux dérèglements du climat étaient bannis. Les expressions « changement climatique », « montée du niveau de la mer » et « réchauffement global » ne doivent plus figurer dans les rapports, les prises de parole, les conférences ou les courriels susceptibles d’être portés à la connaissance du public. Une censure préalable parfaitement représentative de l’action des groupes de pression qui militent aux États-Unis contre tous les milieux scientifiques ou politiques qui pressent depuis des années leurs présidents et leurs élus de prendre en compte la menace climatique.

Une partie de la presse américaine a surnommé ces objecteurs « les marchands de doute » . Tous ont été soutenus par le Tea Party et par des milliardaires comme les célèbres frères Koch, qui ont constitué leur fortune sur le commerce des énergies fossiles et les gaz de schiste. Au cours de la récente campagne électorale, le Comité républicain des résolutions a expliqué dans un communiqué officiel que « le prétendu Agenda 21 visait à remettre en cause la propriété privée, les maisons individuelles, le droit d’avoir un véhicule privé, la liberté de voyager et le droit des fermiers » . Les responsables du Tea Party ont évoqué une « mesure communiste » .

Ce n’est pas dans la Bible… Lors d’une récente polémique sur le climat, un sénateur républicain du sud des États-Unis, Marco Rubio, a expliqué ses doutes climatiques : « Je ne suis même pas sûr de savoir si la terre a été créée en sept jours ou sur une plus longue période. » Il fait partie des élus rejetant les causes humaines du réchauffement. La plupart se rangent à l’avis du président de la Commission sénatoriale sur l’environnement :
« Le climat a toujours changé, d’ailleurs il existe à ce sujet de nombreuses preuves dans la Bible. »
Aussi rationnel que son collègue John Shimkus, de l’Illinois, qui a « prouvé » à la tribune du Sénat que le réchauffement climatique n’existait pas, en citant longuement la Genèse. Cynthia Lummis, du Wyoming, partage avec son collègue Jason Spezza son souhait de mieux contrôler les scientifiques et de démanteler l’organisme fédéral de protection de l’environnement. Une majorité de parlementaires oppose le « bon sens » ou des écrits religieux aux travaux scientifiques. Tous les débats ont la même tonalité : la plupart des malheurs du pays sont à imputer aux cercles scientifiques.

Ces mêmes parlementaires ont même amputé en janvier 2015 la vidéo du discours d’Obama sur l’État de l’Union : il y manque tout simplement la partie de l’intervention consacrée au climat et à sa confiance dans les travaux des scientifiques.

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