Inégalités territoriales : le cri d’alarme du Secours catholique

Si la région Île-de-France est la plus riche, elle est aussi la plus inégalitaire de France. Certaines zones s’enfoncent dans la pauvreté.

Célia Coudret  • 11 avril 2016
Partager :
Inégalités territoriales : le cri d’alarme du Secours catholique
© Image : ONLY FRANCE

La fracture territoriale s’aggrave en Île-de-France, creusant toujours plus les inégalités entre les départements les plus riches (les Hauts-de-Seine en tête) et les plus pauvres, comme la Seine-Saint-Denis. 1, 8 millions de personnes vivent avec moins de 990 euros par mois, dont la moitié avec moins de 750 euros. C’est le constat que dresse le Secours catholique dans un rapport publié lundi.

En huit ans (de 2004 à 2012), la proportion des ménages pauvres y a augmenté deux fois plus vite que dans le reste du pays (+5 contre +2,6 en France métropolitaine). La pauvreté progresse d’autant plus dans les départements aux revenus les moins élevés : la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise et le Val-de-Marne.

Un enfant francilien sur quatre est pauvre

La précarité touche aussi les enfants. Le taux de pauvreté infantile a atteint 24,3 % en 2013 (contre 22% quatre ans auparavant). Un pourcentage trois fois plus important en Seine-Saint-Denis (41,8 %) que dans les Yvelines (15,4%).

Plus inquiétant encore, cette pauvreté a des conséquences directes sur l’éducation et la santé, selon ce rapport qui pointe des inégalités territoriales majeures. Des disparités qui se traduisent dans l’échec scolaire, mais aussi dans un taux de mortalité due au cancer plus élevé, une progression de l’obésité et de l’insécurité alimentaire.

Hébergement d’urgence et logement social : une répartition inéquitable

L’ONG dénonce également une concentration des centres d’hébergements dans les zones les moins favorisées, ajoutant ainsi de la pauvreté à la pauvreté. C’est notamment le cas pour la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, deux départements défavorisés où se concentrent les logements et hôtels sociaux.

La Seine-Saint-Denis a couvert 27 % des besoins exprimés, alors que les départements doivent se répartir les ménages à héberger d’urgence. Le département le plus pauvre de tous est aussi celui qui contribue le plus à l’hébergement d’urgence. Parallèlement, certaines zones plus favorisées comme le XVIe arrondissement de Paris, n’en comptent aucun.

« Les logements sociaux actuellement construits ne sont pas adaptés au profil des demandeurs », alerte le Secours catholique. L’ONG déplore le manque de logements dits « très sociaux » pour les foyers aux revenus les plus modestes.

Un « changement radical dans la politique d’aménagement »

L’organisation caritative appelle à un « changement radical dans la politique d’aménagement » et souhaite rencontrer Valérie Pécresse, présidente LR d’Île-de-France. Elle demande notamment « un plan de construction réellement accessibles aux personnes les plus pauvres ». Elle réclame que ces nouveaux logements sociaux soient établis dans les communes « les plus favorisées au plan économique », pour rééquilibrer le territoire francilien.

« La question c’est où on met ces logements sociaux et comment combattre l’égoïsme de certains lieux qui refusent toute forme de solidarité », s’interroge le responsable du Secours catholique.

Une question qui fait directement écho à la polémique crée par les riverains du XVIe arrondissement de Paris, face au projet d’un centre d’hébergement pour SDF, le premier qu’accueillerait le quartier. Un projet de logements sociaux y a d’ailleurs été retardé de huit ans, suite aux multiples recours déposés par les associations d’habitants, alors que le XVIe ne compte que 4% de HLM (contre 20% minimum visé par la loi SRU).

Lire > Île-de-France : la droite s’attaque au logement social

Lire > Logement: les constats amers de la Fondation Abbé Pierre

Société
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En amont des municipales, L214 alerte sur l’hécatombe des animaux
Reportage 13 octobre 2025 abonné·es

En amont des municipales, L214 alerte sur l’hécatombe des animaux

Lors d’une action dans 35 villes françaises, samedi 11 octobre, L214 a affiché des compteurs d’animaux tués pour l’alimentation. L’objectif : interpeller les candidat·es aux prochaines élections municipales dans le cadre de leur campagne, le Sauvetage du siècle.
Par Caroline Baude
« Les associations permettent des espaces démocratiques alternatifs aux élections »
Entretien 10 octobre 2025 abonné·es

« Les associations permettent des espaces démocratiques alternatifs aux élections »

Samedi 11 octobre, le Mouvement associatif appelle à une mobilisation nationale nommée « Ça ne tient plus ! » Inédite, elle souligne la situation critique du monde associatif, entre manque de financements, atteinte à la liberté d’association et la marchandisation du modèle.
Par William Jean
« Nous sommes la génération Palestine » : Rima Hassan de retour de la flottille
Exclusif 9 octobre 2025

« Nous sommes la génération Palestine » : Rima Hassan de retour de la flottille

Après plusieurs jours de détention en Israël, Rima Hassan donne son premier entretien à Politis. Arrestation de la Global Sumud Flotilla, emprisonnement… Elle décrit un dispositif humanitaire ciblé et des violences dans un contexte d’apartheid. La députée européenne appelle aussi à continuer les mobilisations.
Par Maxime Sirvins et Salomé Dionisi
Retraites : la suspension de la réforme, un moindre mal pour les macronistes
Analyse 9 octobre 2025 abonné·es

Retraites : la suspension de la réforme, un moindre mal pour les macronistes

D’un passage en force en 2023 à un gage de survie politique en 2025 : pour ne pas disparaître, les macronistes sont bien obligés d’envisager la suspension de la réforme des retraites. Un moindre mal pour éviter l’abrogation.
Par Pierre Jequier-Zalc