Crise des migrants : Quand l’Europe pactise avec des États infréquentables
Bien décidée à endiguer la crise des réfugiés, l’Union européenne renforce sa politique d’externalisation. Ce processus, amorcé depuis une dizaine d’années et visant à délocaliser les contrôles migratoires aux frontières de pays tiers, tend aujourd’hui à se banaliser. Quitte à négocier avec des États peu recommandables.

La nécessité de créer une politique migratoire européenne peut-elle se soustraire aux engagements des États membres en matière de droits de l’homme ? Après s'être entendue avec la Turquie, et plus récemment avec l'Afghanistan, l'Union européenne tente d'obtenir de nouveaux partenariats pour réduire l'afflux des réfugiés avant le printemps prochain. Par le biais de mesures incitatives, d'accords commerciaux, d'investissements ou d'aides au développement, celle-ci pactise avec de nombreux pays d'origine ou de transit, déléguant les contrôles aux frontières extérieures à des pays tiers, parfois considérés comme des dictatures. Tout ça, dans l'intention d'entraver les routes migratoires.
Un engagement conçu, selon un communiqué de la Commission européenne, pour « sauver des vies en mer Méditerranée, augmenter les taux de retour, et permettre aux migrants et aux réfugiés de rester près de chez eux et d’éviter que des personnes entreprennent des voyages périlleux ». Mais le plan d'action pour l'immigration présenté par l'Union européenne inquiète de nombreuses ONG (plus de 100 !) qui dénoncent « une politique étrangère au service d'un seul et unique objectif, à savoir endiguer la migration », au risque de compromettre « encore leur crédibilité et leur autorité en matière de défense des droits humains ».
Détenus au centre de rétention de Vincennes, deux Soudanais ont été menacés d'expulsion. Baker A., du Kordofan du sud (un État du Soudan) et Ibrahim C., du Darfour, ont été interpellés suite au démantèlement de la « jungle » de Calais et ont reçu leur obligation de quitter le territoire français (OQTF), délivrée par la préfecture du Pas-de-Calais. Si l'un d'entre eux a pu être libéré dimanche 20 novembre, le second est toujours menacé d'expulsion. Dans leur pays, pourtant, la situation des droits humains est considérée comme « alarmante » par Amnesty International (AI) : le Président du Soudan, Omar El-Béchir, est notamment accusé de crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI).
Responsable du programme Personnes déracinées au sein d'Amnesty International France, Jean-François Dubost s’est personnellement dit « très inquiet » face à une telle mesure :
Nous attendons toujours un démenti du ministère de l’Intérieur qui nous avait certifié que la France ne
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